La viande bio est tout aussi néfaste pour le climat: dans tous les cas, toutes les viandes doivent devenir plus chères

La production de viande biologique est tout aussi néfaste pour le climat que la viande conventionnelle. C’est ce que montre une nouvelle étude, qui a calculé les émissions de gaz à effet de serre causées par diverses denrées alimentaires. Elle a également permis de découvrir dans quelles proportions le prix de la viande devrait augmenter pour respecter les normes d’émission fixées. Spoiler : votre morceau de viande va devoir devenir beaucoup plus cher.

L’alimentation biologique est une alimentation produite selon des méthodes qui répondent aux normes de l’agriculture biologique, qui vise un équilibre écologique et la préservation de la biodiversité. Les aliments biologiques sont produits sans utiliser d’engrais artificiels, de pesticides chimiques, de modifications génétiques, d’hormones de croissance ou d’antibiotiques. Les produits biologiques ne peuvent pas contenir d’additifs artificiels. L’amélioration du bien-être des animaux est également prise en compte.

Pour le bœuf et l’agneau, la production biologique et conventionnelle a entraîné des coûts climatiques semblables, indique l’étude. Le poulet biologique était légèrement moins bon pour le climat et le porc biologique légèrement meilleur que leurs homologues conventionnels.

Pourquoi il n’y a guère de différence

Les émissions des animaux élevés de manière conventionnelle proviennent de leur fumier et, pour les vaches et les moutons, de la méthanisation. Les céréales qu’ils reçoivent peuvent également entraîner des émissions élevées, surtout si elles sont cultivées sur des terres qui ont subi la déforestation, comme c’est le cas en Amérique du Sud. Le bétail biologique ne reçoit aucun aliment importé et est souvent nourri avec de l’herbe. Mais cela implique que ces animaux produisent moins de viande et grandissent plus lentement, ce qui signifie qu’ils émettent des gaz à effet de serre plus longtemps avant d’être abattus.

Les produits végétaux biologiques ont un coût climatique inférieur de moitié à celui des produits conventionnels, car ils ne dépendent pas d’engrais chimiques. Mais tous les aliments végétaux, bio ou pas, provoquent de toute façon beaucoup moins d’émissions que les produits animaux.

Selon les chercheurs, leur analyse montre qu’il y a un besoin urgent de politiques pour s’assurer que les prix des denrées alimentaires reflètent leurs coûts réels. Ils pensent, entre autres, à une taxe supplémentaire sur la viande. Ce serait plus juste, estiment-ils, puisque les consommateurs qui ont un régime alimentaire néfaste pour le climat paieraient leur part.

Spectaculaire augmentation des prix

L’étude a également calculé les augmentations nécessaires des prix à payer aux agriculteurs pour couvrir les coûts climatiques lorsqu’ils s’efforcent de respecter les normes d’émission convenues. Cela entraînerait une augmentation d’environ 40 % des prix de détail de la viande conventionnelle. L’augmentation du prix de la viande biologique serait d’environ 25 %, car elle est plus chère au départ. Le prix que nous payons au magasin pour le lait conventionnel augmenterait d’environ un tiers et celui du lait biologique d’un cinquième, mais le prix des aliments végétaux ne changerait guère.

« Le coût des dégâts climatiques pour la viande est particulièrement surprenant si on le compare aux autres catégories d’aliments. Par exemple, les augmentations de prix requises pour la viande sont 10 fois plus élevées que pour les produits laitiers et 68 fois plus élevées que pour les produits végétaux. »

Les scientifiques ont utilisé la production alimentaire allemande comme base, mais ils affirment que les résultats seraient comparables pour chaque pays de l’UE. « Nous nous attendions à ce que l’agriculture biologique donne de meilleurs résultats pour les produits animaux, mais en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre, cela n’a pas vraiment d’importance », déclare Maximilian Pieper, de l’université technique de Munich, qui a dirigé les recherches. « Mais sur certains autres aspects, l’agriculture biologique est certainement meilleure que l’agriculture conventionnelle », souligne-t-il. Ainsi, l’utilisation excessive d’engrais artificiels et la mauvaise utilisation du fumier entraînent une pollution de l’eau et de l’air, tandis que les pesticides peuvent nuire à la nature.

L’étude, publiée dans le magazine Nature Communications, a utilisé les estimations du gouvernement allemand concernant le coût des dommages climatiques – 180 euros par tonne de CO2. Selon les calculs, le prix de la viande bovine au départ de l’exploitation devrait déjà être supérieur de plus de 6 euros par kilo pour couvrir les coûts climatiques. Pour un kilo de poulet, ce serait de 3 euros.

Dégâts sur la santé

Le coût des dégâts climatiques pour la viande est particulièrement surprenant si on le compare aux autres catégories d’aliments. Par exemple, les augmentations de prix requises pour la viande sont 10 fois plus élevées que pour les produits laitiers et 68 fois plus élevées que pour les produits végétaux.

En effet, il faut 42 kilos d’aliments pour le bœuf, par exemple, pour produire seulement 1 kilo de bœuf. Même la viande ayant le plus faible impact, la viande de porc biologique, est responsable de huit fois plus de dégâts climatiques que l’aliment végétal ayant l’impact le plus élevé (oléagineux conventionnels). Contrairement aux autres viandes, la viande de porc biologique a un coût climatique inférieur à celui de la viande de porc conventionnelle, car cette dernière reçoit plus d’aliments importés que les autres animaux d’élevage, et est donc responsable d’une plus grande déforestation.

Outre les dommages causés à l’environnement, la consommation élevée de viande dans les pays riches nuit également à la santé des gens. Des recherches antérieures montrent qu’une taxe supplémentaire de 20% sur la viande rouge serait nécessaire pour couvrir les coûts des soins de santé associés, et une de 110 % sur les produits transformés tels que le bacon, qui sont plus dommageables pour la santé.

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