La tension monte entre l’Inde et la Chine, aux confins de l’Himalaya

Des troupes chinoises auraient franchi la ‘ligne de contrôle’ assez floue qui fait office de frontière entre l’Inde et la Chine dans l’Himalaya. Si les échauffourées n’y sont pas rares, les récents événements semblent indiquer une nouvelle dynamique dans ce conflit larvé qui dure depuis 1962.

Le 5 mai dernier, des soldats chinois auraient pénétré dans l’État indien du Ladakh afin de s’opposer à la construction d’une route militaire indienne, sous le prétexte que les travaux se situaient sur le territoire de la Chine. Quelques jours plus tard, un autre accrochage aurait éclaté dans le Sikkim, à plusieurs centaines de kilomètres de là.

Poings, bâtons ou barres de fer

Par ailleurs, les troupes de Pékin auraient avancé de plusieurs kilomètres dans ce territoire contesté avant d’installer tentes et tranchées et de recevoir des renforts, selon The Economist.

Les différends frontaliers ne sont pas rares entre les deux ennemis de la guerre de 1962, qui a laissé la frontière entre les deux pays non définie.

Mais depuis la reprise des relations diplomatiques entre l’Inde et la Chine en 1988, les conflits s’y règlent sans armes, à coups de poings, de bâtons ou de barres de fer, afin d’éviter les dérapages mortels, comme le relate le quotidien français Libération sur son site.

‘Les troupes chinoises se montrent plus agressives’

Cependant, les développements de ces dernières semaines semblent être les plus graves depuis au moins 2017. Ce qui fait redouter un changement de dynamique dans ce conflit qui ne dit pas son nom.

Selon l’ancien ambassadeur d’Inde en Chine, Ashok Kantha, ‘les intrusions récentes semblent être différentes, les troupes chinoises se montrent plus agressives, s’engagent dans des confrontations physiques et ne respectent pas les protocoles communs’, a-t-il déclaré au quotidien indien The Hindu.

AP Photo/R. Parthibhan

Mercredi, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a cependant assuré que la situation à la frontière était ‘globalement stable’ et qu’elle pouvait être résolue ‘via le dialogue’.

Dans un contexte de tensions sino-américaines, le président Donald Trump s’est toutefois proposé, mercredi également et via Twitter, pour remplir un rôle de médiation entre les deux parties. Cependant, l’Inde aurait refusé cette offre préférant tenter de résoudre ce différend de manière bilatérale, peut-on lire sur le site américain Axios. Des canaux diplomatiques et militaires vers la Chine ont été ouverts, a-t-elle fait savoir.

‘Détourner l’attention de sa vulnérabilité économique et affirmer sa puissance’

‘Lorsque la Chine maoïste était très affaiblie en interne, elle ne manquait jamais de chatouiller les moustaches de ses voisins, y compris l’Inde en 1962’, note pour sa part Nadège Rolland, spécialiste des questions politiques et de sécurité au National Bureau of Asian Research, sur le site de Libération.

‘Aujourd’hui, c’est la même chose. Pékin avance à la fois à Hong Kong, sur Taïwan, en mer de Chine méridionale, et désormais sur la frontière sino-indienne. Une manière à la fois de détourner l’attention de sa vulnérabilité économique et d’affirmer sa puissance’, estime encore Nadège Rolland. ‘La crise peut être vue comme une opportunité pour pousser ses pions pendant que tout le monde est préoccupé ailleurs.’

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