La Russie veut créer une zone de libre-échange dans les Kouriles, provoquant la colère de Tokyo

Le Premier ministre russe Mikhaïl Michoustine a prôné lundi la création d’une zone de libre-échange dans les îles Kouriles (Extrême-Orient russe), dont une partie est revendiquée par le Japon, provoquant aussitôt la vive protestation de Tokyo.

Un différend territorial oppose le Japon à la Russie sur quatre îles de l’archipel des Kouriles, annexées par Moscou après la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

Appelées « Kouriles du Sud » par la Russie et « Territoires du Nord » par le Japon, ces îles volcaniques situées entre la mer d’Okhotsk et l’océan Pacifique empêchent la signature d’un traité de paix entre les deux pays.

Au cours d’un déplacement sur Itouroup, la plus grande des îles Kouriles, M. Michoustine a proposé de les exempter de droits de douane et d’y abaisser l’impôt sur les sociétés.

« C’est un ensemble de mesures sans précédent », a-t-il déclaré à cette occasion. « Nous allons aussi réfléchir à exempter d’obligations fiscales les contribuables qui travaillent et investissent ici », a-t-il poursuivi, précisant que ces mesures concerneraient pratiquement toutes les activités économiques, à l’exception notable de la production d’alcool.

« Ce régime spécial permettra d’intensifier les activités économiques ici (…) Je vais rapporter ces propositions au président russe et une décision appropriée sera prise », a ajouté M. Michoustine.

La colère de Tokyo

Le ministère japonais des Affaires étrangères a protesté contre cette visite dans les îles Kouriles et convoqué l’ambassadeur russe à Tokyo, Mikhaïl Galouzine. Ce dernier a qualifié la protestation du Japon d' »inacceptable », dans un message diffusé sur Facebook.

Mikhaïl Michoustine est « le chef du gouvernement russe et il visite les régions russes qu’il considère nécessaire de visiter », a de son côté souligné le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. « Il y a une volonté politique en Russie de développer de bonnes relations avec le Japon, nous apprécions beaucoup notre coopération économique », a-t-il toutefois assuré à la presse.

Pour sa part, le ministère russe des Affaires étrangères a dit avoir convoqué lundi l’ambassadeur du Japon à Moscou pour protester contre des « mesures inamicales » prises par Tokyo.

En 2018, le président russe Vladimir Poutine a proposé au Japon de signer un traité de paix la même année « sans conditions préalables ». Mais cette proposition avait été froidement accueillie par Tokyo, le gouvernement japonais ayant averti que les deux pays devaient d’abord régler leur différend territorial.

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