La liste des alternatives au gaz russe s’alonge avec le Nigéria, mais le problème de fond reste le même

L’Union européenne a peur de manquer de gaz et donc d’énergie pour le chauffage et la production d’électricité. Comme réponse à la guerre de Poutine en Ukraine, elle veut réduire les importations de gaz russe, mais les alternatives ne sont pour l’heure pas suffisantes, même en alignant toutes les différentes sources.

L’Europe veut se défaire du gaz russe, et se jette sur toutes les alternatives qu’elle peut trouver. Dans cette série, après les Etats-Unis et le Moyen-Orient, le Nigéria vient désormais proposer son aide. Vendredi, son ministre des Ressources pétrolières Timipre Sylva a rencontré des diplomates européens, rapporte Euractiv.

Qu’est-ce que le gaz nigérian en chiffres? Sur l’année 2018, le pays a produit 49,2 milliards de mètres cubes, dont 27,8 milliards de m3 ont été exportés, sous forme de GNL : la moitié pour l’Europe et la moitié pour l’Asie. Depuis, la donne a changé, et les exportations vont massivement (à hauteur de 90%) à la Chine.

Un gazoduc est également en construction, allant tout droit vers le Nord à travers le Sahara. Il s’étend sur 4.128 km et a pour destination l’Algérie, avant de rallier l’Espagne et l’Italie. Une fois terminé, il devrait pouvoir acheminer 30 milliards de m3 par an, mais sa fin n’est pas prévue avant 2027.

Dans l’immédiat, l’Europe et le Nigéria discutent pour augmenter les livraisons via des navires à GNL, mais aucun chiffre officiel n’est encore avancé. Toujours est-il qu’avec les quantités produites, le GNL du Nigéria ne sera qu’une goutte dans l’océan, contre les 155 milliards de m3 de gaz russe fourni à l’Europe en 2021. Economiquement et politiquement, le Nigéria peut y gagner quelque chose en tout cas.

Impossible à remplacer?

L’Europe veut à tout prix sortir du gaz russe, en réponse à l’invasion de l’Ukraine par Poutine. Pour 2022, l’UE s’engage à réduire ses importations de gaz russe de 66%. L’UE se tournera alors vers la Norvège et l’Algérie. L’Algérie produisait, en 2018, 86,2 milliards de mètres cubes. En 2019, le pays a exporté 26,7 milliards de m3 par gazoduc, et 16,6 milliards de m3 via des navires à GNL, vers l’Europe. La Norvège produisait en 2019 114,4 milliards de mètres cubes, et exportait 109,1 milliards de mètres cubes par gazoduc, et 6,6 milliards de mètres cubes sous forme de GNL, à titre de comparaison.

Depuis le début de la guerre, des pourparlers sont également en cours pour augmenter les importations de gaz depuis ces deux pays. La Norvège s’est notamment déjà engagée à construire un gazoduc, via le Danemark, pour affréter son gaz vers la Pologne.

Mais somme toute, une augmentation de la production n’est pas possible en un claquement de doigts. L’Europe devra prendre son mal en patience. Avec une demande forte, mais une offre réduite, les prix vont également rester élevés. A (très) long terme, les économies de bouts de chandelle (chaque milliard de mètres cubes de gaz naturel semble bon à prendre) peuvent peut-être porter quelques fruits, avec une prolifération du renouvelable, mais à court terme, l’Europe est bloquée, même si elle réduit drastiquement sa consommation.

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