Mardi, Nancy Pelosi est arrivée à Taïwan, provoquant le courroux des autorités chinoises. Ce lendemain, Pékin a annoncé des restrictions sur les importations de produits taïwanais, en donnant de bien curieuses explications.
Si la visite de la présidente de la Chambre des représentants ne s’est heureusement pas encore traduite par un conflit armé, la Chine a toutefois intensifié ses exercices militaires dans la région. Des « exercices navals et aériens conjoints dans les espaces maritimes et aériens du nord, du sud-ouest et du sud-est » qui comprendront des « tirs à munitions réelles à longue portée » ont été annoncés par Pékin.
Le ministre taïwanais de la Défense a dénoncé « une tentative de menacer nos ports et nos zones urbaines importantes, et de saper unilatéralement la paix et la stabilité régionales ».
Une pratique bien connue
Alors que les tensions se cristallisent, la Chine a également annoncé des restrictions au niveau des importations de produits taïwanais.
Certaines importations de fruits taïwanais ont été suspendues en raison de la présence de résidus de pesticides excessifs détectés « à plusieurs reprises » sur des produits depuis l’année dernière. Des poissons taïwanais sont également concernés par ces suspensions, car certains paquets de poisson congelé auraient été testés positifs au coronavirus en juin dernier. Des annonces faites par l’Administration générale des douanes de Chine.
En début de semaine, des médias taïwanais avaient déjà rapporté que la Chine avait interdit les importations de produits alimentaires de plus de 100 fournisseurs de l’île.
C’est loin d’être la première fois que la Chine cible l’industrie agricole taïwanaise pour des motifs politiques. L’an dernier, elle avait par exemple déjà émis des restrictions sur les importations d’ananas et de pommes de l’île. Or, la Chine est le premier partenaire commercial de Taïwan. L’an dernier, le commerce bilatéral a augmenté de 26% pour atteindre 328,3 milliards de dollars. Taïwan détient un excédent considérable par rapport à la Chine, ses exportations dépassant les importations de 172 milliards de dollars, selon les données des douanes chinoises.
La Chine n’envoie plus de sable à Taïwan
En parallèle, dans un autre communiqué, le ministère chinois du Commerce a indiqué qu’il avait interdit les exportations de sable naturel vers Taïwan, sans donner d’explication précise. Or, il s’agit du matériau de construction le plus utilisé sur l’île. Le sable naturel sert notamment à produire du béton et de l’asphalte.
L’an dernier, Taïwan avait importé environ un demi-million de tonnes métrique de sable naturel chinois. La Chine est son premier fournisseur, les coûts d’importation étant bien moins élevés.
En 2007, la Chine avait déjà arrêté d’envoyer du sable naturel vers l’île. Une sanction qui avait duré près d’un an. Taïwan avait alors activé un plan d’urgence, qui l’avait vu importer des matériaux des Philippines et utiliser du sable de rivière local.