La Belgique doit viser le sommet mondial de la R&D

La décision de se concentrer davantage sur le couple Recherche & Développement a été l’un des choix politiques les plus réussis de notre pays ces dernières années. Au moment où la Belgique se situe au sommet de l’Europe en matière de R&D, ce soutien est mis sous pression. En conséquence, nous risquons de faire des économies à court terme qui nous coûteront plus cher en prospérité à plus long terme. Nous ferions mieux d’aller de l’avant et de viser le sommet mondial absolu.

Pour sa réforme fiscale, le ministre des Finances Van Peteghem semble opter pour une réduction de la pression fiscale sur le travail pour soutenir le pouvoir d’achat, qui devrait être financée principalement par la réduction de certains avantages fiscaux pour les entreprises. Dans ce processus, les mesures de soutien à la recherche et au développement (R&D) ont curieusement été mises en avant ces derniers mois. Cela est remarquable, étant donné que le soutien à la R&D n’est qu’une des politiques qui a réellement fonctionné ces dernières années.

Une politique réussie

Au milieu des années 1990, la Belgique se situait dans la moyenne des pays en termes de dépenses de recherche et développement. Avec environ 1,6 % du PIB, nous étions alors au 14e rang des pays industrialisés. Aujourd’hui, avec 3,4 % du PIB en dépenses de R&D, la Belgique s’est hissée au 6e rang des pays industrialisés, se classant même parmi les meilleurs d’Europe. Ce résultat est dû à la combinaison de politiques de soutien à la R&D, et d’entreprises qui adhèrent pleinement à ce discours. Les trois quarts des dépenses de R&D sont d’ailleurs effectuées par les entreprises. Selon la Commission européenne, la Belgique est l’un des quatre « leaders de l’innovation » en Europe. Mais cela ne signifie pas que nous pouvons maintenant nous reposer sur nos lauriers.

Au sommet mondial de la R&D –
dépenses de recherche et développement

Au contraire, l’innovation ne fait que gagner en importance. Le monde entier est confronté à d’énormes défis, tels que la transition énergétique, la transition durable ou encore la transition démographique. Pour chacun de ces grands changements, les solutions devront venir de l’innovation, souvent des entreprises. A l’exception notre localisation au cœur de l’Europe, la Belgique dispose de peu d’atouts « naturels » que nous pouvons exploiter économiquement. Mais nous pouvons faire la différence dans le domaine des bonnes idées. C’est ce que nous faisons déjà aujourd’hui avec la R&D en matière de technologie des puces, de biotechnologie, de pharmacie, d’énergie, de climat, etc.

Viser le sommet mondial

Mais, bien sûr, il reste du potentiel pour faire encore mieux. Nous sommes loin derrière les pays les plus performants au niveau mondial. En Israël et en Corée du Sud, les dépenses de R&D représentent environ 5 % du PIB. En Belgique aussi, l’ambition devrait être d’évoluer dans cette direction. Ce faisant, nous devrions accorder une attention particulière aux liens entre la R&D et les activités économiques concrètes. Aujourd’hui, nous manquons encore des opportunités dans ce domaine, il suffit de penser à Imec et ASML. L’Imec à Louvain est un leader mondial dans le domaine de la recherche sur la technologie des puces, mais les applications économiques sont réalisées chez ASML à Eindhoven. En Belgique, nous devrions nous concentrer beaucoup plus sur le Développement des activités économiques basées sur nos Recherches.

La Belgique parmi les pays les plus instructifs en matière de R&D –
Dépenses de R&D

En tout cas, ce serait une mauvaise idée de réduire le soutien à la R&D maintenant. Sur le papier, cela permettrait de réaliser quelques économies à court terme, mais le coût final dépasserait probablement de beaucoup ces petits gains. Après tout, l’innovation est la meilleure garantie de notre création de richesse (au sens large) à long terme. En ce sens, nous ne devrions pas réduire le soutien à la R&D, mais plutôt le renforcer davantage, tant en termes de budget que d’orientation de ce soutien (en accordant une plus grande attention au lien concret avec les activités économiques qui en découlent). Aujourd’hui, nous sommes déjà les leaders mondiaux en ce qui concerne la charge fiscale sur le travail, l’étanchéité du marché du travail et la taille de l’administration publique. Ce ne serait pas une mauvaise idée de nous placer également au sommet mondial absolu en matière de R&D.


Bart Van Craeynest est économiste en chef chez Voka et auteur du livre « Terug naar de feiten ».

MB

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