Bull market à venir pour le pétrole, estime une experte en marché des matières premières. La reprise en Chine devrait donner un coup de jus à l’or noir. À condition que la Chine reste bien sur la voie de la réouverture.
Les investisseurs en pétrole misent tout sur la réouverture de la Chine, mais cela pourrait se retourner contre eux
Pourquoi est-ce important ?
La réouverture de la Chine est une inconnue pour le moment. Elle ne vient d'ailleurs pas sans conséquence. D'un côté, les investisseurs en matières premières - si la relance se passe comme prévu, sans nouvelles infections ni nouvelles mesures plus strictes - peuvent gagner plus d'argent, car les prix des produits augmentent avec le retour de la demande en Chine. Mais d'un autre côté, les entreprises peuvent voir leurs coûts augmenter, alors qu'elles font déjà face à de nombreuses difficultés en ce moment.Dans l’actu : Les prévisions d’Helima Croft, spécialiste des matières premières pour la banque canadienne RBC, pour le pétrole en 2023.
- « L’histoire de la réouverture de la Chine est le grand vent dans le dos du pétrole », explique-t-elle sur les ondes de CNBC.
La reprise est en route
Les détails : hausse de la demande.
- « Si vous regardez les données sur la mobilité, les gens reprennent la route, les avions, le métro, les importations chinoises augmentent. Si cette tendance se poursuit, c’est la véritable histoire haussière pour le pétrole cette année », s’explique-t-elle.
- Elle n’est d’ailleurs pas la seule à y voir une opportunité pour la hausse du prix : c’est aussi le cas du patron d’Aramco.
- Les chemins de fer chinois s’attendent par exemple à une forte hausse de la fréquentation, de l’ordre de 70% (un total de près de 2,7 milliards de voyages).
- La Chine a également importé plus de 11 millions de barils par jour en novembre et décembre, ajoute l’experte. C’est la première fois depuis début 2021 que ce seuil est dépassé.
« Prudence »
Zoom arrière : Mais le prix du pétrole reste actuellement plat.
- Le prix du pétrole n’est pas encore reparti en flèche. Le Brent par exemple a commencé l’année à 86 dollars le baril, et se tient aujourd’hui toujours à ce niveau (après une brève chute jusqu’à 78 dollars). Schéma très similaire sur le mois de décembre, où les assouplissements chinois avaient pourtant déjà commencé.
- « Il y a toujours une certaine forme de prudence quant à la question de savoir si la Chine va maintenir le cap sur cette réouverture », analyse Croft.
- Il y a également les risques de récession en Occident qui pèsent sur le prix, peut-on ajouter. Ils influencent l’activité en Occident, mais aussi celle en Chine, via les exportations.
Les risques
L’essentiel : Cette réouverture présente, en même temps, un grand risque.
- La Chine a un système de santé faible et un taux de vaccination bas, met en garde Croft. Cela s’est notamment vu dès l’abandon des mesures sanitaires : les infections ont rapidement explosé et les hôpitaux étaient débordés.
- Le risque est alors que la Chine puisse revoir l’assouplissement des mesures, si Pékin voit que la situation sanitaire se dégrade trop. Cela entrainerait un ralentissement de son économie et de sa demande en pétrole, ce qui pourrait faire à nouveau chuter les prix. Mais le résultat pourrait être le même sans que Pékin reconfine le pays, car si le nombre de personnes malades ou décédées atteint des sommets, l’économie tournera forcément au ralenti, de sorte que la demande en pétrole sera moindre, faisant chuter les prix.
- Mais qu’en est-il des infections ? Dans les grandes villes, le pic semble déjà passé. Les festivités du Nouvel an lunaire, qui se sont tenues ce week-end, sont une période de nombreux déplacements – est-ce qu’on doit s’attendre à une hausse des cas suite à la fête ? Réponse dans les jours à venir.
Incertitude : les données de Pékin.
- Les données que transmettent les autorités chinoises ne sont pas jugées comme fiables, et cela, depuis le début de la pandémie.
- La dernière publication relative aux infections dans le pays fait part que huit personnes sur dix ont été infectées par le virus depuis décembre. Un message de Pékin qui se veut rassurant pour l’ensemble du monde puisqu’un tel taux d’infection signifie que l’immunité collective est atteinte et que l’épidémie est derrière la Chine. Reste que le doute persiste quant à la fiabilité de cette communication.
- Reste à voir si la situation deviendra plus claire dans les jours ou semaines à venir, et quel impact cela aura sur le prix du pétrole et/ou l’inflation (qui pourrait reprendre avec la hausse des prix des matières qui suit la reprise chinoise).