Les chiffres de l’inflation américaine tombent ce mardi : vers une reprise de la désinflation ?

Un des rapports les plus attendus tous les mois, pour les investisseurs : les chiffres de l’inflation aux États-Unis. Les experts s’attendent à ce que la baisse, commencée en juin de l’année dernière, continue. En janvier, cette désinflation avait toutefois ralenti.

Pourquoi est-ce important ?

Une inflation qui ralentit, c'est une bonne nouvelle pour tout le monde, mais aussi pour la Fed, la banque centrale des États-Unis. Dans un contexte de crise après l'effondrement de la Silicon Valley Bank (SVB), en partie à cause des taux d'intérêt élevés, les analystes craignent qu'encore plus de hausses mettent les banques sous pression. Une inflation qui baisse permet alors à la Fed d'envisager des hausses des taux plus légères. Une inflation qui stagne ou repart à la hausse serait une très mauvaise nouvelle.

Dans l’actu : le rapport mensuel de l’inflation aux États-Unis sera publié ce mardi en début d’après-midi.

  • L’inflation affichera 6% en glissement annuel, estime une série d’économistes sondés par Dow Jones, rapporte CNBC. En glissement mensuel, ce serait une hausse de 0,4%. Pour l’inflation sous-jacente, ils s’attendent à un taux de 5,5%.
  • 6%, c’est aussi l’estimation médiane des grandes banques :

Le chiffre : une reprise de la baisse de l’inflation.

  • En janvier, l’inflation avait été une déception pour les marchés. En baisse continue depuis juin, elle avait stagné le mois passé. De 6,5% en glissement annuel en décembre, elle était passée à 6,4% le mois suivant.
  • Si en février, elle affiche 6%, c’est un bon signe. Cela voudrait dire que la désinflation continue, et que le ralentissement en janvier n’était qu’un effet temporaire.
  • Concernant l’inflation sous-jacente, le ralentissement ne serait cependant que minime : en janvier, elle affichait 5,6%.

Quel impact sur la Fed ?

L’enjeu : les taux d’intérêt.

  • 6%, ce serait aussi une bonne nouvelle du côté de la Fed. Le ralentissement de janvier a fait craindre au marché que la Fed hausserait les taux plus fort et plus longtemps qu’initialement prévu.
    • Mais si le ralentissement de l’inflation reprend, la hausse des taux d’intérêt de 25 points de base (comme en février) deviendrait à nouveau le scénario privilégié (avec peut-être une baisse de l’estimation du taux final). Ces dernières semaines, une hausse de 50 points de base était de plus en plus vue comme possible.
  • À cela, il faut aussi ajouter la crise autour de l’effondrement de SVB. Les taux d’intérêt ont été un des clous dans le cercueil de la banque des start-ups californiennes. Certains observateurs pensent qu’en conséquence, la Fed appuierait sur pause ce mois-ci. Encore en vogue ce week-end, ce scénario perd déjà en soutien en ce début de semaine. Dans ce contexte, une hausse de 25 points de base est également la piste privilégiée.
  • L’institution monétaire américaine se réunit le 21 et 22 mars.

Le détail : et si l’inflation était plus « hot » que prévu ?

  • Imaginons que l’inflation fasse à nouveau du surplace ou même reparte à la hausse. Le marché serait alors en très mauvaise posture. La mission première de la Fed est de réduire l’inflation, ce qu’elle essaie de faire avec les taux d’intérêt. Si elle reste élevée malgré tout, il faudrait encore plus de hausses des taux, en somme. Or, de l’autre côté, les banques pourraient être mises à mal par de telles hausses.
  • Cela pourrait en tout cas être un signe alarmant. Nouriel Roubini, économiste connu sous le nom de Dr. Doom, prévient depuis environ un an que les États-Unis se dirigent vers une crise de la dette stagflationniste : une crise provoquée par des hausses des taux d’intérêt, dans un contexte d’inflation élevée et de croissance qui stagne.
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