HSBC accusé de favoriser la répression du mouvement ‘pro-démocratie’ à Hong Kong

Depuis que la loi sur la sécurité nationale a été adoptée l’été dernier, les autorités hongkongaises procèdent régulièrement à l’arrestation de personnes participant aux manifestations ‘pro-démocratie’ qui ont cours dans le pays depuis 2019. La banque HSBC est accusée de soutenir cette répression.

A Hong Kong, l’église Good Neighbour North District est connue pour son irrépressible soutien aux manifestants. Ses membres, rejoints par les fidèles d’autres églises, ont toujours participé aux manifestations. Ils se sont aussi posés en ‘soldats de la paix’, n’hésitant pas à intervenir lorsqu’une personne était victime de violences policières.

Si les rues de Hong Kong sont désormais bien moins souvent investies, l’église continue de se battre. Son soutien aux contestations prend la forme d’aide humanitaire envers les militants poursuivis devant les tribunaux.

Cette semaine, le pasteur de l’église, Ray Chan, accuse HSBC d’aider le gouvernement hongkongais à réprimer ses actions. Il indique que ses comptes, ceux de son épouse et ceux de l’association caritative de la paroisse ont été gelés. Il a écrit une lettre ouverte aux dirigeants de la banque afin de demander le dégel des comptes. Chan explique qu’il s’agit de ses seuls comptes. Ne pouvant plus y accéder, il annonce que l’église ne pourra bientôt plus proposer ses services d’hébergement des sans-abris.

Dans une vidéo postée sur Facebook, Chan a annoncé que sa famille et lui avaient rejoint le Royaume-Uni et qu’un retour à Hong Kong leur semblait ‘impossible’.

Deuxième cas en quelques jours

Pour Chan, il s’agit de ‘représailles politiques’, orchestrées par les autorités hongkongaises avec l’aval de HSBC, la banque étant devenue ‘un outil dans la tentative du régime de prendre une revanche politique par le biais de l’oppression économique’.

L’église a accusé la banque d »exploiter le système financier indépendant bien établi et de saboter les bénéfices des individus et des groupes de Hong Kong, ainsi que des investisseurs étrangers sur le territoire’.

Si l’église va si loin dans ses accusations, c’est parce qu’elle n’est pas la seule à avoir vu ses comptes chez HSBC gelés. En effet, l’ancien député hongkongais Ted Hui, symbole du mouvement-pro démocratie, a annoncé la semaine dernière avoir subi le même sort. La totalité de ses comptes – dont ceux placés chez HSBC – ont été gelés. Il a accusé le gouvernement de Hong Kong ‘d’utiliser l’oppression économique comme moyen de rétorsion politique’. Hui a fui au Danemark et a demandé l’asile politique au Royaume-Uni.

Les autorités et HSBS réagissent

Peu après les révélations de Hui, la police de Hong Kong a indiqué qu’il faisait l’objet d’une enquête pour ‘collusions avec des forces étrangères’. L’ancien député est également soupçonné de fraude. Il aurait versé de l’argent reçu via une levée de fonds sur les comptes de ses proches. En outre, il est accusé d’avoir menti aux tribunaux hongkongais afin de faciliter sa fuite vers le Danemark. De nombreux soupçons qui, selon la police, justifieraient le gel de ses comptes.

‘Cet individu est-il si digne de confiance que vous devriez prendre ses paroles au pied de la lettre, et accuser les institutions financières de Hong Kong de faire des choses qui ne sont pas conformes à la loi ? Si les institutions financières de Hong Kong ont subi des dommages, le coupable est cet individu’, a déclaré Carrie Lam, cheffe de l’exécutif de Hong Kong.

L’Autorité monétaire de Hong Kong a quant à elle indiqué que les institutions financières étaient censées coopérer avec les autorités chargées de l’application de la loi dans le cadre des enquêtes. De son côté, HSBC a indiqué que l’histoire avait été ‘déformée’ et que la banque n’avait fait que respecter des lois du pays où elle opérait.

En revanche, dans le cadre de l’affaire entourant l’église, la police n’a, à ce jour, toujours pas indiqué l’ouverture d’une quelconque enquête pouvant justifier le gel des différents comptes. Contacté par le Guardian, HSBC a préféré s’abstenir de tout commentaire.

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