La grosse année des hedge funds : après une longue période de ventre mou, ils rattrapent et battent la bourse

Grand retour pour les hedge funds : certains grands noms sont en passe de clôturer l’année dans le vert. En moyenne, ils ne sont que très légèrement dans le rouge. C’est mieux que les différents indices boursiers.

Pourquoi est-ce important ?

2022 aura été une année douloureuse pour les marchés des actions. Après une longue période faste, ils sont sévèrement en chute. Pour 2023, les perspectives sont déjà sombres. Les investisseurs tentent tant bien que mal de réorganiser leur portefeuille, mais les actifs qui restent dans le vert ne courent pas la rue.

Le contexte : un retour flamboyant après une période de ventre mou.

  • Sur l’année 2021, les hedge funds, ou fonds de couverture, ont eu des rendements, en moyenne, assez maigres. Selon le HFRI Fund Weighted Composite Index, de Hedge Fund Research, qui fait référence en la matière, ils affichaient une hausse de 10,3%.
    • C’est peu comparé à l’année folle qu’a connue Wall Street en général : +27% environ pour le S&P 500 et le Nasdaq 100.
  • Mais en 2022, le vent a tourné. Les hedge funds semblent retrouver leur sens premier : être une couverture contre les aléas des marchés et de l’économie. Ainsi, à l’heure où le marché boursier clôture l’année dans le rouge (-20% pour le S&P 500 et le MSCI World Index, -33% pour le Nasdaq, selon les données de ce mardi), certains fonds sont en passe de clôturer l’année (bien) dans le vert, rapporte Yahoo Finance.

Les chiffres : quelques performances.

  • Le fonds Wellington par exemple, de la société d’investissement Citadel, a gagné 32% sur l’année (entre janvier et novembre, les résultats n’étant pas toujours accessibles en direct et publiquement comme avec d’autres fonds négociés en bourse). Sa meilleure année de tous les temps, qui devrait lui permettre de distribuer sept milliards de dollars aux investisseurs.
  • D. E. Shaw Group et Millennium Management affichaient une hausse de respectivement 23% et 10% en novembre (comparé à janvier). Un autre fonds a littéralement explosé : +267% entre janvier et octobre pour Jupiter de Haidar. +29% aussi pour Peconic Partners.
    • Mais il a des chutes également : Tiger Global Management, spécialisé sur la tech, est en baisse de 54%. Melvin Capital, ancien grand nom du milieu, a même complètement fermé boutique. Le fonds Pershing, du célèbre milliardaire Bill Ackman, était en baisse de 25% sur les six premiers mois de l’année. Mais il a su remonter la pente : En novembre, il n’était plus qu’à -4,8%.
    • Tendance inverse pour Bridgewater du célèbre Ray Dalio : une hausse de 22%, puis un ralentissement jusqu’à 6% en novembre (comparé à janvier).
  • « Les hedge funds macro ont connu une année exceptionnelle que leurs pairs veulent oublier. Les fonds axés sur les obligations et les devises ont profité des tendances lourdes qui ont frappé les spécialistes des actions. Le trader milliardaire Rokos devrait gagner 45,5% en 2022, grâce à ses paris sur la hausse des taux », rapporte l’économiste allemand Holger Zschaepitz sur Twitter.
  • Moyenne pour le marché : entre janvier et novembre, le HFRI Fund Weighted Composite Index n’était en baisse que de 2,6%, ce qui est moins que le reste du marché.

L’essentiel : comment se distinguer de la tendance baissière du marché ?

  • Comme le dit Zschaepitz, les taux d’intérêt ont été un pari gagnant pour certains de ces fonds. Le marché des actions en général était habitué à de l’argent gratuit pendant des années : une hausse des coûts d’emprunt est un changement auquel il ne savait pas vraiment réagir.
  • Les taux bas, depuis des années, ont fait que la « dispersion » était basse. C’est-à-dire que la fourchette des résultats possibles, lorsqu’on investit, est plutôt mince : on pouvait plus ou moins estimer que les cours allaient continuer à augmenter. Avec la hausse des taux, la dispersion augmente, et avec elle la volatilité. Un changement de cap qui est favorable à la performance hedge funds.
    • C’est ce que confirme Joseph Burns, chercheur en la matière pour iCapital, à Yahoo : « Les augmentations de taux rendent probable une augmentation de la dispersion des performances des actions, ce qui devrait laisser une plus grande marge de manœuvre à ces stratégies actives pour trouver des opportunités et des inefficacités sur le marché. »

A l’avenir : une surperformance qui pourrait durer.

  • 2023 semble déjà être une année compliquée pour les actions : différents grands noms de la finance ont déjà annoncé s’attendre à des pertes sur le marché. Les risques de récession sont toujours présents, l’inflation ne baisse que lentement, et les taux d’intérêt n’ont pas encore commencé à descendre. Un contexte qui pourrait favoriser la performance des hedge funds.
  • Avec ces bons résultats de 2022, le secteur pourrait en tout cas redorer son blason. Ces dernières années, les fonds ont vu leur image écornée : ils se faisaient battre par le marché, le tout avec des frais élevés pour les investisseurs. Reste à voir jusqu’à quand le momentum pourra durer.
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