Des réseaux de tunnels bétonnés, et dotés de téléphones câblés sécurisés et même de caméras de surveillance pour prévenir les intrusions. Le Hamas mérite bien le terme de « techno-guérilla ». Et c’est ce qui a permis à une très petite cellule de planifier une attaque d’une telle ampleur.
Une attaque qui n’a rien laissé à l’improvisation : comment le Hamas a maintenu les services israéliens dans le flou pendant deux ans

Pourquoi est-ce important ?
L'attaque du 7 octobre dernier a, par son impact géopolitique et médiatique, mérité son surnom de "11 septembre israélien". Et comme lors de l'effondrement des deux tours, il faut maintenant comprendre comment un tel acte a pu être mis sur pied. Contre un des pays réputés pour avoir l'un des meilleurs services de renseignement au monde.Gaza croule sous les bombes et l’armée israélienne a révélé les vidéos des atrocités commises par le Hamas afin de justifier son intransigeance. Pendant ce temps, on commence à comprendre comment celles-ci ont été possibles en premier lieu.
Une cellule exclusivement militaire au sein du Hamas
- Le Hamas semblait planifier cette attaque depuis deux ans, selon les renseignements collectés par des agences américaines et fournis à leurs alliés européens.
- Une planification qui a pu rester secrète, avec seulement une petite cellule d’initiés. La branche politique du Hamas, dont les chefs pour certains à l’étranger, aurait « été tenue à l’écart de la préparation de l’attaque armée » relève Le Monde. Une manière de minimiser le risque de fuites, car c’est plutôt dans cette branche politique que les services israéliens disposent de sources.
- Autre point capital : le refus des technologies de communication de pointe. C’est d’ailleurs un classique de l’espionnage. Moins il y a d’électronique et d’informatique, moins on court le risque que traîne une oreille indiscrète. L’attaque a été manifestement planifiée lors de réunions de visu entre les planificateurs.
- Quand ceux-ci ont dû communiquer sur de plus longues distances, ils l’ont fait via des lignes téléphoniques placées dans les tunnels qui constituent le « métro de Gaza ».
- Selon CNN, ces appels sont toutefois restés très limités. Jusqu’à ce qu’il faille battre le rappel des combattants. La cellule derrière l’attaque a ainsi pu monopoliser au moins 1.500 combattants pour mener ce raid de l’autre côté des fortifications israéliennes.
- L’une des sources des services américains a déclaré que, bien que les commandants et les combattants aient été entraînés pendant de nombreux mois et maintenus dans un état de préparation général, ils n’ont été informés des plans spécifiques que dans les jours précédant l’opération.
Ce que ça implique : difficile d’imaginer une communication directe entre le Hamas et Téhéran sur le timing et les objectifs de l’attaque si les assaillants eux-mêmes en savaient si peu. L’armée israélienne a pourtant déclaré qu’elle avait trouvé des preuves irréfutables de l’implication de l’Iran. Sans toutefois en révéler plus.
Une barbarie plus spontanée que planifiée ?
Une attaque dont le succès a surpris même ses commanditaires ? C’est une thèse avancée par certains analystes militaires dès les jours suivants ce raid meurtrier. Pour rappel, il a coûté la vie à plus de 1.400 Israéliens, civils pour la plupart.
- Tsahal, la force de défense israélienne, avait déjà rencontré des tunnels dotés de réseaux de surveillance et de communications internes. Lorsque les troupes israéliennes sont intervenues dans le nord de la Cisjordanie cet été, elles ont découvert des lignes de communication câblées sécurisées et des caméras de surveillance en circuit fermé. Un système invisible aux surveillances par satellite.
- Mais trop confiante en sa technologie, la défense israélienne s’est véritablement effondrée pendant l’attaque. Communications coupées entre différents postes, officiers morts ou injoignables, et surtout, le congé d’une partie des troupes pour cause de vacances religieuses.
- De là à laisser penser que le Hamas a aussi été surpris par sa progression ? C’est possible, et cela peut expliquer un déchainement de violence digne de Daesh. La mission était vraisemblablement de capturer de nombreux otages pour négocier en position de force. Le sort de ses citoyens prisonniers est le grand point faible de l’État hébreu.
- Mais des actes de barbarie comme en ont commis les miliciens du Hamas ne pouvaient manquer de provoquer une réponse particulièrement dure, comme on le voit maintenant. Difficile d’imaginer que c’était là le but du groupe terroriste. Sauf à spéculer sur une pulsion millénariste plus mystique que stratégique. Mais il n’est pas certain qu’on ait un jour la réponse à cette question.