Google a dépensé plus de 5,75 millions d’euros en lobbying dans l’UE l’année dernière. Avec cela, l’entreprise tente de faire pression sur les décideurs et de faire en sorte que les lois européennes jouent en sa faveur. Google est suivi de près par Facebook et Microsoft; l’industrie technologique dans son ensemble semble être le plus grand investisseur dans le lobbying européen. C’est ce que montre une étude de LobbyControl.
Avec 97 millions d’euros dépensés en lobbying, l’industrie technologique dépasse désormais les secteurs pétrolier et chimique, le secteur pharmaceutique et le secteur bancaire.
Au total, 612 entreprises technologiques ont dépensé 97 millions d’euros en lobbying. Dix entreprises sont responsables de plus de 32 millions d’euros, soit un tiers de ce montant. Le graphique ci-dessous montre que Google, Facebook et Microsoft sont les plus grands donateurs.
DMA et DSA
L’essentiel du lobbying porte sur les lois DMA et DSA, qui visent à limiter le pouvoir des grandes entreprises technologiques. Le Digital Markets Act (DMA) vise à limiter le pouvoir de marché des entreprises, afin de donner aux petits concurrents et aux jeunes entreprises la possibilité de jouer un rôle important sur le marché. Les principaux perdants d’une telle loi sont Google, Facebook et Microsoft.
La loi sur les services numériques (Digital Services Act, DSA) aura également un impact majeur sur ces entreprises. Ce projet de loi se concentre sur la réglementation du commerce électronique. Les entreprises devront devenir beaucoup plus transparentes quant à leur manière de faire de la publicité et de diffuser la désinformation.
Il est donc logique que les grandes entreprises technologiques tentent d’empêcher l’entrée en vigueur de ces lois. Ils devront renoncer à une part importante de leur pouvoir de marché en échange d’un contrôle accru : une situation perdante. L’Union européenne n’a pas encore officialisé ces lois, mais elles font déjà l’objet d’un débat intense entre les commissaires européens et d’autres personnes. Ils ont déjà tenu 271 réunions sur les projets de loi DMA et DSA. 202 (75%) d’entre elles ont été réalisées avec des entreprises technologiques.
Conseils et thinks tanks
Les autres réunions ont eu lieu avec des cabinets de conseil ou des groupes de réflexion. Néanmoins, on peut se poser de sérieuses questions à ce sujet. Par exemple, GPlus est la société de conseil qui a organisé le plus de réunions sur le DSA. Certains des clients de GPlus sont Qualcomm et Booking.com, qui voient un impact direct des nouvelles lois. Les groupes de réflexion – les thinks tanks – sont également souvent financés en partie par des entreprises technologiques.
Bien que le lobbying ne soit pas interdit, les pratiques des entreprises technologiques peuvent être sérieusement remises en question. Dans son étude, LobbyControl parle de « saper la démocratie ». Les grandes entreprises peuvent également acquérir une certaine influence politique grâce au lobbying. De cette façon, ils peuvent déformer les lois à leur avantage, alors que cela peut être plutôt préjudiciable aux personnes et à la société.