Formation fédérale: le cdH et DéFI passent à l’offensive

Face aux défis urgents qui font face à la Belgique, la formation d’un gouvernement pourrait enfin aboutir. La N-VA out, le CD&V auto-exclu, il sera nécessaire d’intégrer le cdH ou DéFI. Ces derniers l’ont bien compris et posent leurs conditions.

Qui aurait pu dire au sortir des élections que le cdH (5 sièges à la Chambre) ou DéFI (2 sièges) deviendraient indispensables ? Pourtant, selon le scénario désormais privilégié par le duo Dewael (Open VLD) – Laruelle (MR), c’est une vérité arithmétique.

Suite au sondage de ses membres, le CD&V s’est exclu d’une Vivaldi. Et depuis j+1 après les élections, le PS, comme Ecolo, ont tourné le dos à une coalition avec la N-VA. Restent donc les libéraux, les Verts, le PS, les socialistes flamands (qu’il faudra aussi convaincre) et donc les deux micropartis.

Maxime Prévot (cdH) et François De Smet (DéFI), en relative position de force, ont fait une sortie commune ce jeudi dans Le Soir. Histoire de bien marquer le coup. Alliés de circonstance, il est temps pour eux de sortir du bois face aux ‘multiples urgences sanitaire, budgétaire et peut-être bientôt migratoire –, il faut sérieusement se pencher sur la piste d’un arc-en-ciel rouge-bleu-vert élargi, soit au CDH (ce qui donne 80 sièges sur 150), soit à Défi (77 sièges).’

François de Smet. ISOPIX

Oui, il ne pousseront pas leur alliances jusqu’à s’imposer ensemble. Officiellement, car ‘l’opposition francophone se résumerait alors au PTB. Ça ne va pas.’

Le scénario qui intégrerait le cdH a toutefois la préférence des missionnaires. Il est vrai qu’exclure les trois premiers partis de Flandre, et y intégrer DéFI, dont l’image du Front des francophones lui colle encore à la peau au nord du pays, serait un pari à minima risqué pour l’avenir de ce pays. Si ça n’est déjà pas sans lui.

IVG

Des revendications ? Les deux partis en ont, bien entendu. Cinq priorités: la crise sanitaire, l’emploi, la justice, la question migratoire et la transition écologique. Soit les 5 grands thèmes actuels, pas de surprise. Le budget ? Il traverse ces 5 thèmes. La réforme de L’État ? Ils ne sont pas contraires pour autant que cela rende la Belgique plus efficace. Les deux présidents de partis se montrent ‘constructifs’.

Entre les lignes, ce que le cdH ne dit pas directement, c’est la mise dans la balance de l’IVG, de sa dépénalisation totale, et du prolongement du délai à 18 semaines, ce que le parti démocrate-chrétien refuse en l’état. Ils rejoignent de ce point de vue la position du CD&V.

La proposition est sur la table. Elle est soutenue par le PS, les Verts, les libéraux, le PTB… et DéFI. Rappelons que le cdH peut faire retarder la proposition, mais il lui faudra pour cela les voix de 50 députés. Ce qui veut dire concrètement qu’outre les voix du CD&V et de la N-VA, il faudra de facto le soutien du Vlaams Belang. Le dossier fait beaucoup de bruit et sera un élément d’extrême tension dans les futures négociations. Et même dès ce jeudi, jour de séance plénière à la Chambre.

Le CD&V out, acté ?

Hilde Crevits - Joachim Coens - Koen Geens (CD&V)
Isopix

Si les membres du CD&V semblent toujours privilégier une alliance avec la N-VA, et préféreraient même l’opposition à une Vivaldi, il semble que cette posistion ne soit pas partagée par tout le monde.

On l’a répété tout au long des ces négociations. Le CD&V est plus divisé qu’il ne le dit. La division règne d’abord entre les différents barons – Coens, Geens, Crevits – mais aussi au sein des députés. Ce jeudi dans Het Nieuwsblad, plusieurs d’entre eux ont formellement demandé à la tête du parti de se déscotcher de la N-VA et de participer à une Vivaldi. ‘Nous sommes piégés et personne n’est suffisamment lucide pour faire la bonne analyse. La seule vraie question dans le sondage aux membres aurait dû être: voulez-vous la Vivaldi ou de nouvelles élections ?’, rapporte l’un d’entre eux.

Il est vrai que le CD&V a été vu comme responsable de son auto-exclusion, aussi bien au sud qu’au nord du pays. Et que la perspective de nouvelles élections pourrait si pas lui être fatale, lui donner un véritable coup de massue. La 3e possibilité est un gouvernement qui se fait sans lui, noyé dans l’opposition derrière les hyperpuissants N-VA et Vlaams Belang. Seront-ils audibles ?

De plus, cette pression se fait en parallèle avec une pression syndicale. L’ACV se rangerait plutôt aux côtés d’une Vivaldi, si on en croit quelques indiscrétions. Il leur reste à convaincre le duo Geens-Crévits surtout, ce qui est loin d’être gagné, au vu de la communication de ces derniers jours.

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