Fermeture d’un important gazoduc entre le Royaume-Uni et la Belgique : vers une nouvelle pression sur le marché ?

Le gaz, qui circule dans un gazoduc sous-marin entre la ville belge de Zeebrugge et la ville britannique de Bacton, a été arrêté ce jeudi.

Pourquoi est-ce important ?

À l'approche de la période critique de l'hiver - la saison des pénuries d'énergie -, la fermeture d'un autre gazoduc n'est pas vraiment une nouvelle rassurante.

Le pipeline « Interconnector », qui relie le Royaume-Uni au continent, a été fermé en raison d’un problème avec le système de filtration du terminal de Bacton selon Interconnector UK, la société britannique qui gère le gazoduc et les deux terminaux.

La saison des pénuries d’énergie

Depuis quelque temps, de la poussière et de la boue obstruaient les filtres de l’Interconnector, qui achemine le gaz naturel du Royaume-Uni vers l’Europe (et dans le sens inverse). En conséquence, les flux auraient été bloqués à plusieurs reprises.

  • Hier, l’infrastructure aurait dû transporter 205.350 MWh de gaz de Zeebrugge à Bacton.
  • Chaque année, 20 milliards de mètres cubes de gaz sont transportés vers la Belgique via l’Interconnector et 25,5 milliards de mètres cubes dans l’autre sens.
  • Le gazoduc est détenu à un peu plus de 76 % par la société belge de réseau gazier Fluxys Group.

« Une image plus claire demain »

« Il est difficile pour le moment de déterminer l’impact de cette fermeture, car nous n’avons pas encore d’idée sur sa durée. L’Interconnector connaît des problèmes de filtration depuis plusieurs mois maintenant, et la décision a été prise aujourd’hui de l’arrêter afin de poursuivre l’étude de la situation jusqu’à demain matin 6h. D’ici là, nous aurons une vision plus claire », a déclaré Laurent Remy, porte-parole de Fluxys, au journal L’Echo.

« Quelque 600 GWh de gaz passent par le gazoduc chaque jour, principalement pour alimenter l’Allemagne et les Pays-Bas. L’impact sur le marché belge devrait être limité », ajoute-t-il.

Pollution

Interconnector affirme avoir déjà retiré cette année de grandes quantités de saletés des filtres par lesquels passe le gaz, comme le montre un document mis en ligne, repéré par le site d’information Bloomberg cette semaine.

En raison de ces blocages, le flux de gaz dans le gazoduc a été réduit ou arrêté 24 fois depuis le début de l’année. Habituellement, les filtres ne doivent être remplacés que deux fois par an. Ceux-ci ont retenu au total 450 kilogrammes de saletés et 250 litres de fluides. Des débris qui contenaient des substances dangereuses et toxiques.

La contamination n’est pas inhabituelle pour les gazoducs. Mais la quantité de matériaux contaminés a fortement augmenté avec l’accroissement des flux vers le continent européen.

Parce qu’il y a maintenant des flux plus élevés à travers Interconnector, nous voyons que les impuretés dans le réseau se sont déplacées », a déclaré Laurent Remy à De Tijd. « Ces impuretés, comme la poussière, arrivent via le réseau britannique de National Grid. Nous allons enquêter sur la situation. »

Les restrictions ont déjà coûté aux expéditeurs de gaz environ 270 millions de livres (323 millions d’euros), selon Interconnector.

« La Grande-Bretagne aura besoin d’importations de la Belgique et des Pays-Bas »

Les Britanniques ont exporté une quantité record de gaz vers le continent cette année, à mesure que les cargaisons de gaz naturel liquéfié (GNL) arrivent dans leurs terminaux. Ce gaz, une fois arrivé, est envoyé par deux pipelines vers notre pays et les Pays-Bas. Le Royaume-Uni n’a pas la capacité suffisante pour stocker le combustible pour l’hiver.

On s’attend à ce qu’en hiver les flux fassent le mouvement inverse (du continent vers l’Angleterre), écrit Bloomberg.

Gazprom

Pour la première fois depuis longtemps, un autre gazoduc (européen) fait l’objet de l’actualité que le controversé Nord Stream 1, de l’entreprise publique russe Gazprom.

Le fait que le Kremlin ait réduit à plusieurs reprises les livraisons de gaz par ce gazoduc, qui relie la Russie à l’Allemagne, reste considéré comme l’un des principaux facteurs de la crise énergétique sur notre continent.

(JM)

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