‘Fast fashion’: la pandémie signera-t-elle la fin de l’ère du prêt-à-porter rapide et bon marché?

Anna Wintour, l’une des personnalités les plus influentes du monde de la mode, révèle ses craintes pour l’avenir de la ‘fast fashion’, popularisée par des enseignes telles que H&M ou Zara. Les experts indiquent que la pandémie pourrait provoquer un véritable changement dans tout un pan de l’industrie de la mode.

Si vous ne connaissez pas Anna Wintour, il s’agit un peu (beaucoup) de la papesse de la mode, ni plus ni moins. La Britannique est une figure incontournable du premier rang des défilés et dirige le prestigieux magazine Vogue US. Lorsqu’Anna Wintour s’inquiète, c’est toute l’industrie fashion qui tremble.

‘Je pense que cela [la pandémie] donne vraiment à l’industrie une pause, et je pense que tout le monde est en train de repenser ce que la mode représente, ce qu’elle signifie, ce qu’elle devrait être’, a-t-elle déclaré dans une interview avec CNBC plus tôt cette semaine.

‘Je pense que c’est une opportunité pour tout le monde de ralentir, de produire moins, et de faire tomber le monde amoureux de la créativité et de la passion de la mode, et peut-être d’avoir moins d’emphase sur les choses qui vont si vite et de mettre toujours l’accent sur ce qui est nouveau.’

‘La mode devrait durer, elle devrait être émotionnelle, elle devrait avoir des souvenirs, elle devrait avoir un sens, et penser que nous devons réévaluer – nous tous qui travaillons dans cette industrie – comment nous pouvons présenter cela au mieux’, a-t-elle ajouté.

Durabilité

À la sortie de la pandémie, Wintour pense que les consommateurs se concentreront davantage sur les marques et les créateurs en accord avec leurs valeurs, mais seront aussi soucieux de la durabilité de l’industrie.

Cette tendance a déjà été amorcée avant la pandémie: les consommateurs ont également acheté de façon plus consciente, surtout les jeunes. Les experts indiquent que la pandémie renforcera ce mouvement déjà présent. La pandémie pourrait donc conclure à long terme à ‘la fin du consumérisme à l’extrême’ représenté par des enseignes mondiales comme H&M, Zara ou encore Primark, indique un article de Business Insider.

‘La pandémie mettra en lumière les valeurs liées à la durabilité, intensifiant les discussions et polarisant davantage les opinions autour du matérialisme, de la surconsommation et des pratiques commerciales irresponsables’, prévoit un rapport créé en partenariat avec le consultant McKinsey.

‘Les marques capables de réorienter leurs missions et leurs modèles commerciaux de manière plus durable pourront s’adresser à un public plus captif que jamais’, conclut-il.

Quant aux autres, ils pourraient voir leur modèle commercial être en danger. Si H&M et Zara ont fait des concessions ces dernières années pour une mode plus verte et durable, l’essence-même de leur mode de production contredit le principe de durabilité. Et pour ne rien arranger, l’enseigne H&M est actuellement dans la tourmente chez nous. Le syndicat chrétien CNE a déposé vendredi un préavis d’actions dans les magasins de la marque, qui débutera le 25 mai et se terminera fin juin. Le personnel s’oppose notamment à la réouverture des cabines d’essayage, au minimum tant que l’impact de l’ouverture des commerces ‘non essentiels’ sur l’évolution de l’épidémie de Covid-19 n’est pas connu. Un chat noir pour l’avenir de H&M?

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