Face au retard des vaccins, l’EU a décidé de contrôler leurs exportations et s’attire les foudres de la communauté internationale

L’Union européenne a décidé de surveiller les exportations de vaccins en dehors de l’Europe. Les entreprises pharmaceutiques devront demander des autorisations pour envoyer leurs doses dans des pays non européens.

Les entreprises pharmaceutiques qui distribuent leur vaccin en Europe ont toutes annoncé des retards de livraison. Pfizer annonce des retards de livraisons depuis que le vaccin a été approuvé. Il y a une semaine, c’était AstraZeneca qui prévenait qu’elle ne pourrait livrer que 40% des doses promises. Et maintenant, c’est Moderna qui doit restreindre ses livraisons de 20% en février.

Pour l’Union européenne, c’en est trop. Ces entreprises se sont engagées auprès des pays européens. Ils ne peuvent pas décider de changer les termes du contrat aussi rapidement. En outre, l’Europe a financé les recherches de ces entreprises. ‘Nous avons accordé un financement initial aux entreprises pour renforcer la capacité de fabrication nécessaire à la production de vaccins, afin que les livraisons puissent commencer dès leur autorisation’, a déclaré la commissaire à la santé et à la sécurité alimentaire, Stella Kyriakides.

L’UE pense que les retards ne sont pas liés qu’à des problèmes de productions. Les entreprises pharmaceutiques préféraient diminuer les doses pour l’Europe pour pouvoir vendre leur production ailleurs, pour un prix plus élevé. ‘Nous avons maintenant besoin de transparence sur la destination des vaccins que nous avons obtenus et de nous assurer qu’ils atteignent nos citoyens’, a affirmé Kyriakides.

Nouvelle mesure

Pour en avoir le cœur net, l’Union européenne, via son commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis, a décidé de contrôler les exportations. Dès ce samedi, les entreprises qui voudront envoyer leurs doses en dehors de l’UE devront demander une autorisation au pays où a lieu la production. Par exemple, Pfizer, pour exporter ses doses produites à Puurs, devra demander une autorisation à la Belgique.

En outre, cette décision possède une fonction rétroactive. Les pays pourront demander les rapports d’exportation de ces 3 derniers mois. De cette manière, l’Europe saura exactement où vont les doses et si elle se fait finalement voler la priorité sur les vaccins.

Critiques

Même si l’UE affirme qu’elle ne veut bloquer la vaccination d’aucun pays, cette mesure passe très mal au niveau international.

À commencer par le Royaume-Uni. L’entreprise britannique AstraZeneca, au vu de l’ampleur des retards annoncés, est la principale visée par cette réglementation. Le Premier ministre Boris Johnson a prévenu que cette décision pourrait compromettre les accords du Brexit. En effet, le texte de loi imposait également un contrôle en Irlande du Nord, une région appartenant au Royaume-Uni. Pour éviter de rajouter de l’huile sur le feu dans cette relation tendue, la Commission européenne a retiré cette clause de la réglementation.

La Chambre internationale de commerce, qui représente plus de 45 millions d’entreprises à travers le monde, a également envoyé une lettre à Ursula Von Der Leyen, président de la Commission européenne. Selon les membres de l’institution, cette mesure est dangereuse, car elle va affecter toute la chaine de vaccinations. Ils craignent en effet que les pays désavantagés par cette mesure ne prennent des ‘mesures de rétorsion’ qui vont impacter toute la chaine de production.

L’OMS s’est également opposée à cette réglementation. L’organisation s’inquiète des risques pour la vaccination mondiale et pour la chaine d’approvisionnement.