Est-il sûr de mélanger les vaccins? Les essais cliniques sont lancés

Les problèmes liés aux vaccins contre le Covid-19 développés par AstraZeneca et Johnson & Johnson ont soulevé des questions sur la possibilité de mélanger différents vaccins. Des experts de l’Université d’Oxford tentent aujourd’hui de faire la lumière sur les conséquences potentielles d’une telle décision.

Au cours des dernières semaines, plusieurs mauvaises nouvelles concernant les vaccins contre le Covid-19 sont venues assombrir l’horizon.

Il y a d’abord eu les rares cas de caillots sanguins ou de thromboses provoqués semble-t-il par le vaccin d’AstraZeneca. Dans la foulée, plusieurs pays ont décidé de n’administrer le vaccin qu’aux personnes âgées de plus de 55 ou 60 ans. Le Danemark a même décidé de se passer du médicament en question.

Et en début de semaine, on a appris que six femmes aux États-Unis avaient été diagnostiquées avec une forme rare de caillots sanguins après avoir été vaccinées avec le sérum mis au point par Johnson & Johnson. Suite à ces quelques cas, la firme pharmaceutique a décidé de cesser temporairement de fournir des vaccins à l’Union européenne. Heureusement, une lueur d’espoir est apparue cette semaine: Pfizer fournira à l’UE 50 millions de doses supplémentaires de son vaccin au 2e trimestre, dont 1,28 million pour notre pays.

Renforcer l’immunité

Toujours est-il que les problèmes rencontrés avec les vaccins d’AstraZeneca et de Johnson & Johnson ont incité les experts de l’université d’Oxford à étudier ce qu’il se passe lorsque des vaccins différents sont mélangés. Des tests sont déjà en cours avec les vaccins d’AstraZeneca et de Pfizer.

Et les experts veulent désormais également étudier les effets d’un mélange de ces vaccins avec ceux de Moderna et Novavax. Pour ce faire, ils travaillent avec 1.050 sujets d’essais cliniques. Ces personnes s’ajoutent aux 800 sujets qui participent aux tests avec Pfizer et AstraZeneca. Tous les participants sont âgés de plus de 50 ans.

Selon les experts, les risques liés au mélange de vaccins sont faibles ou nuls. Ils supposent même que la combinaison de deux vaccins peut renforcer l’immunité des vaccinés. Mais sans preuve, ils ne peuvent en être sûrs.

Les essais menés par l’université d’Oxford, appelés Com-COV, constituent une première mondiale. Au cours des nouveaux essais, les sujets seront vaccinés avec Moderna ou Novavax. Huit semaines plus tard, une deuxième dose du vaccin d’AstraZeneca ou de Pfizer suivra. Un groupe témoin recevra le même vaccin que celui de la première injection. Les résultats seront également comparés aux chiffres d’efficacité de chaque médicament provenant d’essais cliniques à grande échelle. Les premiers résultats sont attendus au plus tôt à la fin du mois prochain.

Lutter contre les variants

‘La raison pour laquelle nous réalisons cette étude est que nous ne connaissons pas l’effet du mélange des vaccins’, a déclaré Matthew Snape, le professeur qui dirige l’étude, lors d’une conférence de presse. ‘Le risque d’un mélange est d’obtenir une réponse immunitaire sous-optimale, ou une réponse qui n’est pas aussi bonne que celle du vaccin original.’ Matthew Snape ne s’attend toutefois pas à ce que cela soit le cas.

Selon le professeur, une combinaison de vaccins pourrait permettre à un plus grand nombre de participants d’être immunisés contre l’infection par le coronavirus que ce n’est le cas avec les vaccins actuels, car l’organisme est alors préparé à attaquer le virus tout entier plutôt que la seule protéine de pointe (spike), dont le virus se sert pour envahir les cellules.

Selon ce même raisonnement, une combinaison de vaccins pourrait également aider à lutter contre les variants du virus. Des études ont montré que les souches dites sud-africaine et brésilienne peuvent contourner partiellement l’immunité induite par la vaccination, car elles présentent des protéines de pointe déformées auxquels les anticorps ont du mal à se fixer. Ce problème peut être résolu si le système immunitaire s’attaque à l’ensemble du virus.

En France et en Allemagne, les autorités ont décidé de ne pas attendre les résultats de ces tests pour déjà administrer une deuxième dose d’un autre vaccin aux personnes qui ont reçu une première dose du vaccin d’AstraZeneca.

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