Entrée payante, quota, réservation: Venise prend (enfin) des mesures pour décourager les touristes de la visiter

Touchée par le « surtourisme », la ville italienne de Venise vient de prendre plusieurs mesures visant à faire baisser le nombre de ses visiteurs. Ceux-ci seront touchés là où ça fait mal: au portefeuille.

Sur la table depuis quelques années mais reportées à plusieurs reprises, notamment en raison de la pandémie de coronavirus, les mesures de limitation du tourisme vénitien vont entrer en vigueur à l’été 2022. La décision a été entérinée cet été par les autorités locales.

Souhaitant trouver un équilibre entre la qualité de vie de ses habitants et sa popularité touristique, Venise va quelque peu décourager les visiteurs à s’y presser. Voici les mesures qui entreront en vigueur dans un an:

  • Un droit d’entrée pour tous ceux qui veulent visiter Venise, qui ira de 3 à 10 euros en fonction des saisons.
  • Il faudra réserver à l’avance pour pouvoir entrer dans la ville.
  • Des quotas journaliers seront instaurés pour limiter le nombre de touristes.
  • Pour entrer dans la Cité des Doges, les touristes devront faire la file et passer à travers des tourniquets électroniques. De quoi réguler le flux de visiteurs tout au long de la journée.

Bien sûr, les résidents locaux, ainsi que leurs proches, ne seront pas soumis à cette règlementation. Les personnes qui séjournent dans les hôtels de la ville seront également exemptées. Les mesures ciblent donc surtout les touristes d’un jour, généralement très peu dépensiers.

Un « surtourisme » dévastateur

En 2019, soit avant la pandémie, 19 millions de touristes d’un jour s’étaient rendus à Venise. Ce qui fait une moyenne de 52.000 visiteurs quotidiens. Avec des pics à… 80.000. De quoi créer de véritables marées humaines dans les rues étroites de la ville, ainsi qu’un énorme trafic sur ses célèbres canaux.

Un « surtourisme » qui, en plus de rendre le quotidien des locaux infernal, provoque énormément de pollution. La meilleure preuve a été donnée l’an dernier, lors des premiers mois de la pandémie. Vidée de ses touristes et de ses bateaux, la Sérénissime a vu ses eaux retrouver une incroyable clarté.

Notons également que depuis ce mois d’août, les gros bateaux de croisière (ceux de plus de 25.000 tonnes de jauge brute, de plus de 180 mètres de long, de 35 mètres de tirant d’air, ou dont les émissions contiennent plus de 0,1 % de soufre) ne sont plus autorisés dans le centre de Venise. Il leur est interdit d’entrer dans le bassin et le canal de Saint-Marc et le canal de la Giudecca. Ils doivent désormais s’amarrer au port industriel de Marghera, à une dizaine de kilomètres de la ville.

Cela faisait plus de dix ans que de nombreuses ONG se battaient pour chasser ces paquebots de Venise, eux qui menaçaient le fragile écosystème de la lagune et les fondations du centre historique de la ville. Une décision qui a aussi permis à la Reine de l’Adriatique d’échapper à une inscription sur la liste du patrimoine en péril de l’Unesco. Un élément susceptible « d’alerter la communauté internationale dans l’espoir que celle-ci se mobilise pour sauver les sites concernés » et qui peut aussi être perçu « comme un déshonneur », selon l’organisme onusien.

Avec les mesures qui entreront en vigueur en 2022, Venise devrait s’assurer un peu plus de conserver sa place au sein du patrimoine mondial de l’Unesco.

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