Engie perdra près d’un milliard d’euros en cas de fermeture de Nord Stream 2

Engie a confirmé mercredi soir ce que beaucoup soupçonnaient : si le très controversé projet Nord Stream 2 doit fermer ses livres, cela se traduira par un cratère financier de près d’un milliard d’euros pour le géant français de l’énergie.

Flashback en avril 2017. Cinq entreprises énergétiques européennes, dont Engie et Shell, se sont engagées à cofinancer la moitié du projet Nord Stream 2, un nouveau gazoduc entre la Russie et l’Allemagne. Les prêts ont été accordés pour un montant estimé à 950 millions d’euros par entreprise, a-t-on précisé. Ils n’ont pas participé au capital : l’entreprise publique russe Gazprom est restée l’unique actionnaire.

Aujourd’hui, Engie, Shell et consorts doivent craindre pour leur argent prêté, car le projet Nord Stream 2 est sur le point de s’effondrer. Les analystes estiment que le tout nouveau gazoduc de 1 200 km – un projet monstre qui a coûté quelque 10 milliards d’euros – ne sera jamais mis en service, à la suite des sanctions imposées par l’Allemagne et les États-Unis en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

L’entreprise à l’origine de Nord Stream 2 est-elle en train de chavirer ?

Mercredi, des rumeurs ont circulé selon lesquelles la société suisse à l’origine du projet, Nord Stream 2 AG, serait déclarée insolvable et déposerait le bilan, mais la société a démenti. En tout état de cause, toute perspective de revenus commerciaux est plus éloignée que jamais.

Engie a ensuite fait le point sur ses liens avec la Russie et Gazprom. Elle a confirmé que le groupe français « en tant que prêteur est exposé à un risque de crédit pouvant atteindre 987 millions d’euros, qui pourrait se matérialiser notamment en cas de faillite ».

Shell, elle aussi, semble avoir dit mentalement adieu à sa contribution d’environ 1 milliard d’euros. La société affirme que la fin de sa coopération avec Gazprom « entraînera des réductions de valeur ». Un autre membre du club des cinq, l’entreprise allemande Wintershall Dea, a même annulé d’un seul coup mercredi son soutien financier d’un milliard d’euros à Nord Stream 2.

Le cours de l’action d’Engie, la société mère d’Electrabel et l’exploitant des centrales nucléaires belges, a dû faire face à une perte d’environ 5 % jeudi matin, qui s’ajoute aux pertes enregistrées en début de semaine.

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