Sanctionnée par les États-Unis, la société Nord Stream 2 AG ne serait plus en mesure de payer ses dettes 

Selon deux sources proches du dossier, la société en charge du gazoduc Nord Stream 2 s’apprêterait à se déclarer en cessation de paiement, rapporte Reuters.

Le projet de gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie à l’Allemagne est en mauvaise posture, à la suite de la suspension de l’approbation de l’Allemagne et des sanctions américaines à son encontre. Et cela a des conséquences directes sur la société Nord Stream 2 AG, enregistrée en Suisse et propriété du géant russe Gazprom. Cette dernière ne serait en effet plus en mesure de payer ses créanciers.

Une demande d’insolvabilité la semaine prochaine?

L’entreprise travaillerait avec un conseiller financier pour réduire une partie de son passif avant d’entamer formellement une procédure d’insolvabilité. Cela pourrait avoir lieu la semaine prochaine.

Lundi, la société a licencié les 140 employés qui travaillaient sur le projet depuis la ville de Zoug, en Suisse. Une information confirmée par le ministre de l’Economie de la Confédération Guy Parmelin.

À l’heure actuelle, difficile de savoir comment Gazprom va gérer la situation, mais surtout la maintenance du gazoduc de 1.230 kilomètres de long si l’ensemble des entités liées à Nord Stream 2 AG venaient à fermer leurs portes, faute de moyens.

Le projet a été finalisé l’année dernière après plusieurs années de construction et attendait l’approbation de l’Allemagne pour entrée en service. Plus de 11 milliards de dollars ont été injectés dans le projet, afin de doubler la capacité de pomper du gaz de la Russie vers l’Allemagne. Gazprom a payé la moitié du coût de construction de Nord Stream 2, le reste a été financé par Shell, OMV, Engin, Uniper et Wintershall.

Les agissements de la Russie en cause

La semaine dernière, le président Vladimir Poutine a reconnu l’indépendance des Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Louhansk, qui se trouvent toutefois à l’intérieur des frontières de l’Ukraine. Une reconnaissance qui n’a évidemment pas plu dans le pays, mais aussi à l’international. En réponse, l’Allemagne a suspendu la procédure d’approbation du gazoduc. Le lendemain, ce fut au tour des États-Unis de condamner la décision de la Russie en s’attaquant au géant russe Gazprom.

« J’ai demandé à mon administration d’imposer des sanctions à la société Nord Stream 2 AG et à ses dirigeants », a déclaré le président Joe Biden dans un communiqué. Le département américain du Trésor a ainsi ordonné l’arrêt des transactions impliquant Nord Stream 2 AG ou toute entité dans laquelle la société enregistrée en Suisse possède, directement ou indirectement, une part d’au moins 50% du capital. De quoi couper une partie des rentrées d’argent dans Nord Stream 2 AG.

Or, depuis, la situation a évolué. La Russie a envahi l’Ukraine et la réponse internationale ne s’est pas fait attendre. L’Union européenne et les États-Unis, ainsi que de nombreux autres pays, ont condamné les agissements de la Russie et lui ont infligé de nombreuses sanctions financières. Difficile, donc, d’imaginer que la situation puisse évoluer dans le bon sens pour Nord Stream 2 dans un avenir proche.

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