Des dizaines de milliers de femmes nord-coréennes travaillent comme esclaves sexuelles en Chine

Des dizaines de milliers de femmes et de filles nord-coréennes qui tentent de fuir leur pays finissent par se retrouver dans les mailles de l’industrie du sexe en Chine. Dans ce pays, elles sont victimes de graves abus sexuels, indique un rapport de la Korea Future Initiative (KFI), basé sur les témoignages de victimes qui ont fui l’esclavage.

Selon l’étude, l’exploitation des femmes et des filles nord-coréennes génère des profits annuels d’au moins 105 millions de dollars pour la pègre chinoise.

« Les trafiquants chinois se concentrent de plus en plus sur les jeunes femmes nord-coréennes », souligne la responsable de la recherche, Yoon Hee-Soon. « Des filles d’à peine neuf ans sont forcées de se livrer à des actes sexuels et sont agressées sexuellement devant des webcams. Ces séquences vidéo sont diffusées en direct à un public mondial qui paie pour cela. »

Trafic sexuel

« Repoussées de leur patrie par un régime patriarcal qui survit par l’imposition de la tyrannie, de la pauvreté et de l’oppression, les femmes et les filles nord-coréennes passent entre les mains de trafiquants, de passeurs et d’organisations criminelles », indique le rapport. « Elles sont entraînées dans le commerce du sexe en Chine, où elles sont exploitées par les hommes jusqu’à épuisement de leurs corps. »

« Historiquement, le mariage forcé était la forme la plus courante de trafic sexuel », a déclaré Yoon. « Mais nous avons vite compris que les ventes de femmes nord-coréennes à des bordels avaient dépassé les ventes à partir de mariages forcés. » Les Nord-Coréennes sont maintenant réduites à l’esclavage sexuel dans des bordels qui jonchent les villes proches des grandes agglomérations du nord-est de la Chine. Les filles et les femmes asservies dans les tanières de cybersexe ont généralement entre 12 et 29 ans.

Police

Selon le rapport, 60% des filles et des femmes nord-coréennes vivant en Chine sont victimes de la traite des êtres humains. Selon les chercheurs, près de la moitié est contrainte à la prostitution, environ un tiers d’entre-elles sont vendues de force en mariage et les autres doivent s’adonner au cybersexe.

Les lieux de prostitution et autres entreprises sexuelles illégales demandent de plus en plus de femmes. L’industrie du sexe chinoise permet aux trafiquants de gagner énormément d’argent. L’industrie du sexe en ligne est également en plein essor.

Les femmes nord-coréennes qui fuient en Chine pour des raisons économiques sont sans défense contre les abus des réseaux criminels. La Chine reste amie avec le régime de Kim Jong Un et les autorités locales ne protègent pas les Nord-Coréens et ne les reconnaissent pas comme réfugiés.

Selon Yoon Hee-Soon, la police chinoise est au courant de ces pratiques illégales et de la violence à l’encontre des femmes nord-coréennes. Toutefois, elle n’intervient pas. « Certains policiers acceptent des pots-de-vin, vendent des femmes et des filles arrêtées et fréquentent des maisons closes. » D’autres filles sont dupées par des trafiquants qui leur proposent de les amener dans des pays où elles peuvent demander l’asile, indique le rapport. Les enlèvements sont également fréquents.

Pression internationale

Un autre problème est l’ampleur du commerce du sexe illicite. Selon Yoon, la police chinoise a démantelé 6.885 groupes criminels depuis janvier 2017 . Toutefois, cela ne permet pas d’endiguer le problème, explique la chercheuse.

Michael Glendinning, directeur général du KFI, a déclaré que la pression internationale sur le gouvernement chinois devrait se poursuivre, bien que l’amélioration des droits des réfugiés n’ait qu’un impact limité.

« Les équipes de secours, constituées souvent d’activistes chrétiens, sont les plus efficaces pour extraire les réfugiés avant que les criminels ne puissent y avoir accès. Mais il reste encore beaucoup à faire. Les équipes doivent être là avant que les courtiers et les trafiquants ne trompent ces femmes », a expliqué Glendinning.

Les abus sexuels contre les femmes constituent également un fléau en Corée du Nord. Un rapport accablant de Human Rights Watch a révélé que des responsables nord-coréens agressaient sexuellement des femmes en quasi-impunité et que les abus sexuels étaient si répandus qu’ils avaient été normalisés.

« Les femmes du pays sont régulièrement contraintes de subir des violences sexuelles de la part de responsables gouvernementaux, de policiers, de gardiens de prison, d’interrogateurs et de soldats. La société profondément patriarcale fait en sorte que beaucoup de femmes ont honte des abus qu’elles subissent et se sentent incapables de demander des comptes aux auteurs. »

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