Des clopes allégées en nicotine pour limiter l’addiction : la nouvelle idée de Biden pour améliorer la santé des Américains

Les fumeurs garderaient-ils longtemps cette habitude mauvaise tant pour leur santé que pour celle de leur entourage, si leurs clopes étaient quasiment dénuées de nicotine ? Cette substance agit en effet sur le cerveau comme les plus dures des drogues illégales, et c’est connu depuis des années. L’administration américaine a donc décidé de jouer sur ce tableau pour inciter ses citoyens à abandonner la cigarette.

L’administration Biden a signalé mardi qu’elle allait élaborer une proposition de règlement visant à établir un niveau maximal de nicotine dans les cigarettes et autres produits du tabac, ce qui réduira essentiellement la quantité de nicotine dans les produits disponibles aux États-Unis, rapporte CNN.

Éloigner de la tentation de la fumée

C’est une technique visant à réduire la proportion de fumeurs dans la population qui n’avait encore jamais été tentée. Et elle repose sur un pari : si les cigarettes contiennent des quantités moindres de leur principale substance addictive, les consommateurs seront alors moins dépendants et arrêteront plus facilement. En outre, sans l’effet puissamment addictif de la nicotine, ont pu espérer qu’un nombre bien moindre de gens surmonteront le dégoût initial causé par la fumée de tabac, et ne deviendront ainsi pas de nouveaux fumeurs.

« C’est la première fois qu’il y a une discussion sérieuse avec un engagement des plus hauts niveaux du gouvernement pour s’attaquer au tabac d’une manière qui est transformatrice », a déclaré Matthew Myers, le président de la Campagne pour les enfants sans tabac. « Elle transformera la santé publique aux États-Unis et fera littéralement plus pour réduire le cancer, les maladies cardiovasculaires et les maladies respiratoires que tout autre ensemble de mesures que le gouvernement pourrait prendre. » D’autres pays, comme la Nouvelle-Zélande, ont opté pour l’interdiction à moyen terme de la cigarette.

12,5% des Américains adultes

En 2020, près de 13 adultes américains sur 100 âgés de 18 ans ou plus (12,5 %) fumaient des cigarettes. Cela signifie qu’environ 30,8 millions d’adultes aux États-Unis fument, selon des chiffres issus de l’administration du pays. Plus de 16 millions d’Américains vivent en outre avec une maladie liée au tabagisme. Or, selon la Food and Drug Administration (FDA) américaine, la moitié au moins de ces fumeurs a déjà activement tenté d’arrêter la clope. Et deux tiers des jeunes fumeurs déclarent qu’ils aimeraient arrêter.

« Abaisser les niveaux de nicotine à des niveaux de dépendance minimale ou de non-dépendance diminuerait la probabilité que les générations futures de jeunes deviennent dépendantes des cigarettes et aiderait davantage de fumeurs actuellement dépendants à arrêter », estime le professeur Robert Califf, commissionné par la FDA. En outre, de récentes études ont conclu qu’une diminution de la dose de nicotine dans les cigarettes ne conduisait pas forcément les fumeurs à consommer plus, comme c’est parfois avancé.

Une solution, mais pas la panacée

La FDA estime que la réduction des taux de nicotine pourrait empêcher plus de 33 millions de personnes de devenir des fumeurs réguliers et qu’environ 5 millions de fumeurs supplémentaires arrêteraient de fumer dans l’année qui suivrait la réduction des taux de nicotine. Mais cela ne fera pas disparaître les maladies liées au tabagisme, car ce n’est pas tant la nicotine qui les provoque, mais la fumée issue de la combustion de tout le cocktail nocif que représente une cigarette. Diminuer le nombre de fumeurs en jouant sur les doses ne fera ainsi pas disparaître ce problème de santé publique qui asphyxie le monde entier.

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