De meilleures perspectives économiques à court terme, mais…

La situation économique à court terme semble nettement meilleure qu’il y a quelques mois : l’inflation se calme et nous pourrions éviter une récession. Néanmoins, cette crise menace toujours de laisser derrière elle d’importants dégâts à plus long terme. Le plus grand risque de cette crise reste que les entreprises choisissent moins la Belgique pour leurs investissements. Cela compromet notre prospérité future.

Le climat économique s’est clairement amélioré (ou, du moins, est devenu moins mauvais) au cours des derniers mois. Les scénarios d’apocalypse que l’on craignait, il y a quelques mois à peine, paraissent ne plus être d’actualité, du moins à court terme. C’est ce qui ressort également de la nouvelle enquête Voka menée en début de semaine auprès de 500 entrepreneurs flamands. Il y a encore beaucoup d’incertitude, mais les inquiétudes concernant la situation économique des six prochains mois ont considérablement diminué.

Pas de récession

Les problèmes d’approvisionnement de nombreux intrants qui affectaient encore les entreprises au premier semestre 2022 ont largement disparu. En outre, les inquiétudes concernant la hausse des prix de l’énergie ont baissé de moitié depuis septembre. Cela est évidemment dû à la chute spectaculaire des prix de l’énergie. Par exemple, le prix du gaz en Europe était encore d’environ 250 € par MWh au début du mois de septembre, aujourd’hui, il est retombé à un peu plus de 50 €. Dans ce contexte, l’inflation, quant à elle, se refroidit aussi. Après avoir atteint un pic de 12 % en octobre, l’inflation est tombée à seulement 8 % en janvier. Et selon les estimations du Bureau fédéral du plan, elle baissera encore pour atteindre plus ou moins 2 % au cours des derniers mois de cette année.

Les entrepreneurs et les consommateurs deviennent moins pessimistes – Indicateur de confiance en Belgique

En outre, l’économie belge semble pouvoir éviter une récession. Au cours des derniers mois de 2022, l’activité économique (avec une croissance positive minimale) a mieux résisté que ne le laissait supposer la faible confiance des consommateurs et des entreprises. Et pendant ce temps, les indicateurs de confiance s’améliorent à nouveau. Selon l’enquête, les entrepreneurs s’attendent également à une croissance légèrement positive au cours des premiers mois de cette année et cette croissance se renforcerait progressivement tout au long de l’année. Quoi qu’il en soit, 2023 ne sera certainement pas une année de grand cru, mais une année de croissance positive maigre. Mais une croissance positive maigre est nécessairement meilleure que la récession précédemment redoutée.

Un soulagement à court terme contre des dommages à plus long terme

Bien que la situation économique se soit quelque peu améliorée à court terme, la crise de l’inflation menace toujours de laisser derrière elle des dommages économiques importants à plus long terme. L’une des raisons de cette manne à court terme est précisément que la facture de cette crise a été en grande partie répercutée sur les entreprises. Et cela n’est pas sans conséquence, même si ces conséquences ne se manifestent qu’après un certain délai. La combinaison du choc inflationniste et de l’indexation automatique des salaires fait peser sur notre économie un handicap majeur en matière de coûts salariaux. Avec une application correcte de la norme salariale, ce handicap sera progressivement réduit dans les années à venir, car les pays voisins nous rattraperont en termes d’augmentation des salaires. Mais en attendant, nos entreprises devront composer avec ce handicap salarial pendant six à huit ans. Et ces coûts salariaux viennent s’ajouter à d’autres obstacles tels que ceux de l’énergie, ceux de la tension sur le marché du travail et ceux de la pression fiscale (et de l’incertitude entourant les plans du gouvernement dans ce domaine). L’ensemble de ces éléments n’aboutit pas vraiment à un climat d’investissement favorable.

Les investissements des entreprises stagnent – Investissement des entreprises de 1995 à 2023

Selon les prévisions de la Banque Nationale, les investissements des entreprises stagneront dans les années à venir. Ce n’est qu’en 2025 que la Banque prévoit que les investissements repasseront au-dessus de leurs niveaux de 2019. Notre enquête auprès des entrepreneurs indique qu’un sur trois a revu à la baisse ses projets d’investissement. Et parmi les entreprises qui font partie d’un groupe international et qui ont des projets d’investissement, pas moins de 40 % cherchent avant tout à investir à l’étranger. Cette situation est préoccupante, surtout à un moment où nous avons tout simplement besoin de plus d’investissements dans notre économie, notamment pour la transition durable, la numérisation et l’automatisation, l’innovation…

C’est le plus grand risque de cette crise : que les entreprises choisissent moins la Belgique pour leurs investissements. Cette situation est moins visible que, par exemple, une récession à court terme, mais elle représente un plus grand danger pour notre prospérité à long terme. Si nous nous handicapons trop, nous compromettons notre prospérité future.

RVW


Bart Van Craeynest est économiste en chef chez Voka et auteur du livre Back to the Facts (Retour aux faits)

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