Coronavirus: les Chinois se remettent au travail, mais le mal est fait pour l’approvisionnement mondial

Alors que la seule journée de dimanche a été marquée par la mort de 97 personnes atteintes du coronavirus, la plus meurtrière depuis le début de l’épidémie, les travailleurs chinois ont progressivement repris le chemin des bureaux et des usines, ce lundi matin.

Pour tenter de faire face à la virulence du nouveau coronavirus, les autorités chinoises avaient décrété en janvier une prolongation de dix jours aux congés du Nouvel An lunaire jusqu’à ce lundi, 10 février: usines et écoles fermées, vols annulés, etc. Mais ce matin, les travailleurs ont donc, progressivement, recommencé à se mettre au travail.

Télétravail et règles strictes

Mais les rues des villes chinoises n’avaient pourtant encore rien à voir avec ce qu’elles étaient avant le début de l’épidémie. Sur l’une des lignes de métro les plus fréquentées de Pékin, les trains étaient en grande partie vides, relate l’agence de presse Reuters. Et les quelques navetteurs vus à l’heure de pointe portaient tous des masques. Le télétravail est de mise dans de nombreuses entreprises, notamment chez le géant du jeu Tencent Holdings qui a demandé à son personnel de continuer à travailler à domicile jusqu’au 21 février. Quant à celles qui ont ouvert leurs portes, elles appliquent des règles strictes, comme la fermeture des cafétérias ou l’interdiction des entretiens en face-à face. Certaines interdisent également à leur personnel de prendre les transports en commun.

Plus spécifiquement, la société taïwanaise Foxconn a reçu l’approbation du gouvernement pour reprendre la production dans une usine clé de la ville de Zhengzhou, dans le nord de la Chine, croit savoir Reuters. Les constructeurs automobiles Tesla, Daimler et Ford Motor avaient fait savoir qu’ils comptaient relancer la production dans leurs usines ce lundi. Samsung Electronics a également repris la production dans son usine d’appareils électroménagers, tandis que la firme sud-coréenne continue à faire tourner son usine de puces électroniques en Chine.

Par ailleurs, la province de Hubei, la plus touchée par l’épidémie et où vivent quelque 60 millions de personnes, reste encore isolée. Ses gares et ses aéroports sont toujours fermés et ses routes bloquées.

Quant aux écoles, elles devraient rester fermées jusqu’à la fin du mois de février dans de nombreuses régions.

Sur l’ensemble de la Chine continentale, ce sont 3.062 nouveaux cas d’infection au coronavirus qui ont été confirmés dimanche, portant le nombre total à 40.171, selon les chiffres de la Commission nationale de la santé (NHC). Le nombre de décès est quant à lui passé à 908.

Craintes pour l’approvisionnement mondial

La fermeture prolongée des usines de la deuxième économie mondiale suscite les inquiétudes concernant les chaînes d’approvisionnement mondiales, particulièrement dans le secteur de l’électronique.

Mais même si un grand nombre des usines de ce type devaient rouvrir ce lundi, le retard pris, additionné aux mesures mises en place pour arrêter la propagation de la maladie, pourrait continuer à perturber la fabrication électronique pendant une bonne partie de l’année, et même jusqu’à la période des fêtes de fin d’année, selon des experts consultés par CNBC.

Facebook a, par exemple, averti vendredi dernier que le coronavirus pourrait bien avoir un impact sur la production de ses casques de réalité virtuelle Oculus Quest.

‘Les entreprises qui construisent du matériel ou des produits physiques en Chine sont actuellement en mode ‘crise’ et ce, qu’elles y fassent construire des produits finis ou qu’elles dépendent de ce pays pour leurs composants’, a déclaré Andre Neumann-Loreck, fondateur de la société spécialisée dans le conseil aux entreprises sur le matériel informatique On-Tap Consulting, à CNBC.

iPhone impacté?

‘Les entreprises qui ont un produit en développement, qu’elles en soient au stade du prototypage ou de ce qu’on appelle la phase NPI (new product introduction, NDLR), sont en danger pour la période des Fêtes’, détaille encore Andre Neumann-Loreck. ‘Les calendriers pour la fin de l’année sont déjà très serrés, et ceux-ci sont en train de déraper parce que les usines ne sont pas ouvertes et que les chaînes d’approvisionnement ne sont pas opérationnelles.’

Même le dernier iPhone d’Apple pourrait ne pas être épargné par le phénomène et connaître des retards de livraison.

Enfin, la crainte du coronavirus pourrait également dissuader une partie des travailleurs temporaires originaires des campagnes à retourner dans leurs usines en ville, entraînant ainsi des problèmes de pénurie de main-d’œuvre.

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