Pour certaines nations, en particulier dans le Pacifique, le réchauffement climatique et la montée des océans n’ont rien d’un danger abstrait dans un futur incertain : c’est un péril quotidien. C’est le cas par exemple à Tuvalu, petite monarchie du Commonwealth composée de moins de 12.000 habitants répartis sur neuf atolls. Une nation qui sera entièrement submergée d’ici à 2100.
Un cataclysme auquel les habitants sont bien obligés de se résigner en préparant leur exode. Mais lorsque Tuvalu disparaîtra sous la montée des eaux, sa diaspora voudra toujours avoir un endroit où se sentir chez elle – et ce pourrait être une version virtuelle de la petite nation du Pacifique, selon The Guardian.
Des réfugiés dans le métavers
Une fois Tuvalu disparu et sa population évacuée, celle-ci pourrait retrouver une copie numérique du pays sur le métavers. Une sorte de sauvegarde en ligne de l’archipel et de son patrimoine culturel, dans lequel la diaspora des Tuvaluans et leurs descendants pourront se recueillir, tout en maintenant en vie leur culture.
Le Dr Eselealofa Apinelu, ancienne procureure générale de Tuvalu et actuelle haute-commissaire aux îles Fidji, a déclaré jeudi à la conférence sur l’état du Pacifique que les Tuvaluans avaient besoin de « quelque chose à quoi ils puissent se raccrocher » : « Lorsque cela arrivera enfin, que Tuvalu aura disparu et que tout ce qu’ils auront sera ce monde virtuel… nous devrions toujours être en mesure de nous souvenir de Tuvalu tel que l’île est, avant qu’elle ne disparaisse », a-t-elle déclaré lors de la conférence du département des affaires du Pacifique de l’Australian National University.
L’idée est encore présentée comme une « dernière option » pour sauver ce qui peut l’être de Tuvalu, et elle a sans conteste un aspect provocateur, mais le simple fait qu’elle soit envisagée reste significatif : face au réchauffement climatique, certains combats sont déjà bel et bien perdus.
Des populations qu’il faudra accueillir
« Quand le malheur arrive et que Tuvalu semble vraiment disparaître, je pense que l’idée est alors de le préserver, de le conserver dans un état tel que des générations de Tuvaluans puissent y jeter un coup d’oeil. » continue Eselealofa Apinelu. « C’est l’idée de la numérisation. Mais nous ne pouvons pas numériser les gens. C’est facile de parler de la terre. Nous devons impliquer les êtres humains, c’est quelque chose que nous sommes toujours en train de considérer – comment traiter les gens dans ce contexte. «
Car avant de conserver Tuvalu dans le métavers, il faudra s’occuper de ses habitants. Apinelu a appelé les pays, y compris l’Australie, connue pour ses politiques migratoires ultra-strictes, à permettre aux Tuvaluans un accès plus facile à leurs territoires, afin que ceux-ci puissent envisager leur avenir. Avant que leur pays ne soit littéralement rayé de la carte.