Plus de 500 consuls honoraires dans le monde sont impliqués dans de nombreuses controverses comme le trafic de drogue et le terrorisme. C’est ce que révèle une étude internationale menée par Shadow Diplomats, un consortium de journalistes d’investigation de l’ICIJ et de l’organisation journalistique à but non lucratif ProPublica.
Des centaines de consuls honoraires impliqués dans des affaires louches, dont des Belges

Pourquoi est-ce important ?
De nombreux pays, dont la Belgique, utilisent le système des "diplomates fantômes", qui peuvent se faire appeler consul honoraire. Il s'agit d'une personne (non rémunérée) nommée par le gouvernement pour représenter son pays dans un autre pays où aucune représentation diplomatique (telle qu'une ambassade) n'est présente, ou si celle-ci ne suffit pas ; il s'agit souvent de riches hommes d'affaires. Des centaines d'entre eux semblent maintenant abuser de cette position, afin de renforcer leurs cercles industriels et politiques. La Belgique compterait quelque 276 consuls honoraires, dont 12 sont aujourd'hui accusés. Cependant, le ministère belge des Affaires étrangères n'a jamais dit pourquoi exactement ils ont reçu ce statut diplomatique, ni quelles sont leurs principales fonctions.L’essentiel : quelque 500 consuls honoraires dans le monde semblent être impliqués dans toutes sortes d’affaires louches.
- Au moins 500 consuls honoraires, dont 12 Belges, sont accusés de méfaits ou sont déjà impliqués dans des scandales, selon l’enquête Shadow Diplomats. Il s’agit plus précisément d’affaires de drogue, de fraude, de corruption, de contrebande d’armes et de terrorisme.
- Il s’agit souvent d’hommes d’affaires fortunés, d’avocats, notamment spécialisés dans le droit fiscal ou le droit des sociétés, et de dirigeants d’entreprises ou d’industries.
- Toutefois, il n’est pas surprenant que cette position fasse l’objet d’abus. Auparavant, il a été révélé que la milice libanaise Hezbollah utilisait délibérément des consuls honoraires pour dissimuler ses opérations secrètes. Le Liberia a lui aussi dû renvoyer presque tous ses consuls honoraires après que des activités criminelles ont été dévoilées. En outre, il existe même des consultants qui proposent à la vente des postes de consuls honoraires dans des pays pauvres.
- En Belgique aussi, leur utilité est assez obscure. Le ministère des Affaires étrangères refuse de dire exactement pourquoi ces personnes ont été choisies, quel est leur parcours et ce qu’elles sont censées faire. Depuis 2009, le ministère fédéral n’a pas divulgué le nombre de nouveaux consuls honoraires.
La réputation de la Belgique
- La Belgique a décidé en 2016 de renforcer le statut par des règles un peu plus concrètes.
- À l’époque, par exemple, notre pays a introduit une procédure permettant de mettre fin à une nomination en cas d’abus. Cela n’a été nécessaire que deux fois depuis lors, indique le Moniteur belge. Un fois pour fraude, et l’autre pour « incident ». Il apparaît aujourd’hui que c’était trop peu.
L’enjeu : L’arrêté royal de 2016 précise qu’un consul honoraire belge « doit avoir une conduite irréprochable et jouir d’une réputation honorable ».
- En pratique cependant, ça n’a pas toujours été le cas. Un consul honoraire nommé par le gouvernement belge a été discrédité à plusieurs reprises par le passé, lorsqu’une ONG américano-britannique a affirmé qu’il exploitait illégalement du bois en Afrique depuis des années. Pourtant, il a été autorisé à conserver son poste.
- Avant même que les règles ne soient renforcées, plusieurs consuls honoraires nommés par la Belgique ont été impliqués dans des scandales, principalement pour se remplir les poches. Beaucoup d’entre eux n’ont jamais été poursuivis.
MB