Comment le confinement a eu un impact sur nos habitudes alimentaires… Et sur la balance

Deux ans à alterner les périodes plus ou moins normales et les épisodes de confinement plus ou moins sévères, à rester chez soi et à ne pas pouvoir faire grand-chose, voila qui a des conséquences. Or, dès fin mars 2020, tout le corps médical et scientifique avertissait que de telles expériences impacteraient notre santé. Et s’il est sans doute trop tôt pour avoir une idée précise de tous ces effets à long terme, on peut au moins analyser l’évolution de notre rapport à l’alimentation.

Santé publique France a mené une enquête entre la 5e et la 8e semaine du grand confinement de 2020 sur le comportement alimentaire de 4 000 Français âgés de plus de 18 ans. Et, sans surprise, 37 % des participants, sans distinction de sexe, ont modifié leur comportement alimentaire. Pas toujours dans le sens qu’on imaginerait, pourtant : tout le monde n’a pas cédé aux sirènes du grignotage compulsif durant cette période d’inactivité forcée. Globalement, deux tendances se dégagent : ceux qui n’ont plus fait attention à ce qu’ils mangeaient, et ceux qui s’y sont justement mis.

La tentation du grignotage

Parmi les répondants, 37% ont déclaré cuisiner des plats faits maison plus fréquemment que d’habitude, et 27% avoir pris du poids contre 11% en avoir perdu. Et si, pour certains, le confinement a permis de se retrouver autour d’une table et de se remettre à cuisiner des plats plus sains, ces bonnes résolutions n’ont pas toujours été tenues sur la longueur. L’enquête française révèle que 27% des répondants déclaraient grignoter davantage à la sixième vague d’enquête (V6, huitième semaine de confinement) contre 22% en V3 (cinquième semaine). Ils étaient 36% à avoir pris du poids en V6 contre seulement 27% en V3. En outre, de manière générale, les chiffres français mettent en évidence une plus grande tendance au grignotage chez les femmes que chez les hommes, et un choix plus courant de produits trop gras ou trop sucrés, durant ce long confinement, même si les deux sexes sont impactés par ces changements de comportement.

« S’il [NDLR : le confinement] a pu favoriser la cuisine-maison, d’autres changements étaient plutôt défavorables à la santé. Ces résultats suggèrent que des confinements répétés risqueraient d’aggraver les pathologies liées à l’alimentation » conclut l’étude française.

Des jeunes plus résilients

Les niveaux de stress et d’activité physique ont un impact direct sur les habitudes alimentaires, et vice-versa. Une autre étude, italienne celle-là, d’est penchée plus spécifiquement sur l’effet du confinement sur les enfants et les adolescents, ceux pour qui le confinement a incarné la perturbation la plus radicale des habitudes. Elle a suivi 40 jeunes de 2 à 18 ans, qui avaient la particularité d’accuser déjà un surpoids, avec un IMC moyen de 30. Leur nombre de repas quotidien a augmenté, mais cela n’a pas eu d’effet significatif sur leur IMC, leur glycémie, ou encore leur taux de cholestérol après le confinement. Cet épisode très contraignant ne semble pas avoir eu d’effet négatif sur le long terme. Une étude israélienne similaire est arrivée aux mêmes conclusions.

Le vrai impact serait mental

Plus endurants face au confinement, les jeunes ? À voir, car ces dernières études portaient sur des échantillons réduits, avec des profils très variés : on ne réagit pas de la même manière à la prise de poids à 2 ans et à 18 ans.

Et plus globalement, si les habitudes alimentaires sont fort révélatrices de l’état général d’une personne, celles-ci restent intimement liées à sa santé mentale, ainsi qu’à sa situation financière. Deux domaines sur lesquels le coronavirus a eu un impact plus que certains ; derrière le grignotage compulsif de certains se cache peut-être bien souvent les prémisses d’une dépression, tandis que cuisiner ou manger des produits plus sains à un coût que tous les foyers ne pouvaient pas se permettre.

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