Comment la CIA a-t-elle pu éliminer le chef d’al-Qaïda, al-Zawahiri, de manière aussi efficace ?

Dans un discours triomphal, la semaine passée, le président américain Joe Biden a annoncé que la CIA, le service de renseignement étranger, avait tué Ayman al-Zawahiri. L’Égyptien est devenu le numéro un de l’organisation terroriste Al-Qaida après la mort d’Oussama Ben Laden en 2011. L’attaque contre al-Zawahiri a été méticuleusement préparée par la CIA pendant des mois.

Après les attentats contre les tours jumelles le 11 septembre 2001, Ben Laden et al-Zawahiri sont devenus les cibles numéro un des Etats-Unis. L’Égyptien a survécu à plusieurs attaques et a vécu dans la clandestinité pendant des années. Le retrouver est devenu encore plus difficile l’année dernière : après la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan, tous les soldats et agents de renseignement américains ont évacué le pays, de sorte que toutes les missions de reconnaissance et d’espionnage ont dû être effectués depuis les airs ou depuis les États-Unis même.

L’agence de presse Reuters a pu s’entretenir avec un haut responsable de l’administration Biden sur les détails de l’opération. « Le gouvernement américain connaît le réseau qui entoure al-Zawahiri depuis plusieurs années. Au cours de l’année écoulée, depuis le retrait américain d’Afghanistan, les responsables ont surveillé de près la présence d’Al-Qaïda dans le pays. »

A l’affût

Certains résultats n’ont pas tardé à apparaître : on a ainsi découvert que la famille du haut dirigeant d’al-Qaïda – sa femme, sa fille et ses petits-enfants – avait emménagé dans une maison à Kaboul ; al-Zawahiri y était aussi régulièrement aperçu. « Grâce à diverses sources indépendantes, nous avons pu dégager la routine d’al-Zawahiri », a déclaré la source de Reuters.

Ces dernières semaines, la planque a été étroitement surveillée, et les responsables ont même construit une maquette de la planque. L’objectif de la CIA était clair : éliminer le chef d’Al-Qaïda sans endommager la structure de la maison, ni mettre en danger la vie des civils ou de la famille du terroriste.

Le 1er juillet, le président Joe Biden est informé de l’opération, notamment par le directeur de la CIA, William Burns. Il a étudié la maquette et posé des questions très précises, notamment sur les conditions météorologiques et tous les scénarios possibles. Biden savait très bien qu’une attaque, surtout si elle échouait et tuait des civils, entraînerait une sévère réprimande de la part du gouvernement taliban du pays : il n’était pas au courant de l’attaque.

Un drone avec… des couteaux

Le 25 juillet, une dernière réunion a eu lieu, à laquelle des conseillers diplomatiques étaient également présents. Biden voulait savoir comment les talibans réagiraient après l’attentat et si cela risquait de compromettre les relations diplomatiques. Biden a alors ordonné une attaque très précise, évitant tout dommage collatéral. C’est précisément la raison pour laquelle la CIA a choisi les missiles Hellfire R9X.

Le 31 juillet, à 6h18 heure locale, un drone américain MQ-9 Reaper a tiré deux missiles Hellfire. La version R9X, conçue spécifiquement pour abattre des cibles uniques, a la particularité de ne pas exploser : la fusée de 45 kilogrammes contient une charge explosive dans le nez, censée faire jaillir six longues lames de la fusée. La combinaison de 45 kilogrammes de roquettes et de couteaux tranchants a pour but de s’assurer que la cible serait tuée. Et c’est ce qui arriva, semble-t-il.

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