Coalition fédérale: fin de semaine décisive pour l’arc-en-ciel

Paul Magnette se rendra chez le roi lundi. Il devra montrer des résultats probants.

« Ça passe ou ça casse », la ministre Open VLD de la Santé Maggie De Block s’est montrée on ne peut plus explicite sur les antennes de La Première ce mercredi matin. L’arc-en-ciel est confronté à une fin de semaine décisive qui se clôturera chez le roi ce lundi.

La note de Paul Magnette, ajustée au programme des libéraux, n’est pas du tout du goût du CD&V, mis hors jeu depuis le week-end dernier et la réunion secrète entre les six: PS, SPA, MR, Open VLD, Ecolo et Groen. Si certains gardaient l’espoir de réintégrer les chrétiens-démocrates dans le jeu, ne fut-ce que pour asseoir la fragile majorité d’un siège de l’arc-en-ciel, tout semble maintenant joué: Magnette veut aboutir à un accord à six, éventuellement accompagné du CDH. L’ajout de DéFI serait perçu comme une provocation de plus au nord du pays.

Du coup, tout dépend essentiellement de l’Open VLD maintenant. Maggie De Block a répété qu’aucune coalition n’avait sa faveur, mais qu’il fallait avant tout parler programme. La nouvelle note de Paul Magnette met l’accent sur les PME et la création d’emplois, mais sa volonté de régulariser les travailleurs sans papiers ne doit pas plaire aux libéraux flamands. Magnette devra sans doute faire d’autres concessions s’il tient vraiment à son arc-en-ciel et en indiquer le cadre budgétaire: le pire serait de passer pour ‘le gouvernement des nouvelles taxes’ pour les libéraux. Ce mercredi pourrait être déjà décisif à ce niveau, Magnette devrait parler chiffres.

Rutten doit-elle renoncer au 16 ?

À l’autre bout de la coalition, Gwendolyn Rutten, à qui un poste de Première ministre est promis. Elle va devoir user de toute son énergie pour joindre les dissensions au sein de son parti. Certains membres, dont Vincent Van Quickenborne, ne le sentent pas du tout. Être le parti le plus à droite dans une coalition de gauche pourrait s’avérer fatal dans 5 ans, avec les deux tiers de la Flandre dans l’opposition. D’un autre côté, l’arc-en-ciel a déjà fait ses preuves en 2000 sous Verhofstadt et certains libéraux en ont marre d’être collés aux basques de la N-VA. La grande différence avec le parti de Bart De Wever est sans aucun doute la volonté de l’Open VLD de ne pas bloquer le pays. Voilà une occasion à saisir.

Rutten succédera-t-elle à Charles Michel ? (EPA)

Reste que cinq ans, c’est long. Avec une majorité de 76 sièges sur 150 dont un tiers des sièges flamands (29 sur 89), l’arc-en-ciel s’enfonce dans un orage annoncé. Mais qui aurait pu dire que la ‘coalition kamikaze’ de Charles Michel allait tenir 4 ans et demi? Si tous les partis traditionnels étaient en recul lors des élections qui ont suivi, ils ne se sont pas effondrés non plus.

Paradoxalement, toutefois, l’Open VLD pourrait limiter la casse s’il ne prend pas à sa charge la fonction exécutive suprême. Nos deux derniers gouvernements ont plongé une Communauté dans une situation de minorité. C’était particulièrement marquant sous le gouvernement précédent de Charles Michel, où le MR ne disposait que de 20 sièges, soit un tiers des voix francophones. Ce gouvernement a été légitimement perçu comme un gouvernement pro flamand du côté francophone. En prenant la fonction de Premier ministre, Charles Michel et son parti, se sont sans doute tirés une balle dans le pied, passant pour les traîtres à la cause francophone. Ce qui a sans doute plongé leurs résultats électoraux.

Si l’Open VLD veut éviter de passer pour le ‘judas’ de la Flandre, sa présidente devra modérer son envie de s’installer au 16. Après tout, il est beaucoup plus logique que la fonction de Premier ministre soit assurée par le plus grand parti de la future majorité: le PS et Paul Magnette. L’autre possibilité serait perçue comme un arrangement politique, un cache-sexe pas plus grand qu’une feuille de vigne, une communication politique qui sera vite balayée par les hurlements de la N-VA et du VB.

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