Christine Lagarde ne veut pas de retard pour le plan de relance européen: ‘Une occasion historique’

En juillet dernier, l’Union Européenne adoptait un plan de relance historique. 750 milliards d’euros pour faire face à la pire crise économique depuis les années 1930. Pour Christine Lagarde, directrice de la BCE, les Vingt-Sept doivent viser juste, au risque de rater une ‘occasion historique’.

Dans une longe interview accordée au quotidien français Le Monde, Christine Lagarde a mis en garde l’Union Européenne sur le besoin impératif de succès de son plan de relance à 750 milliards d’euros adopté durant l’été.

La directrice de la BCE a indiqué que ce plan de relance était ‘crucial’ pour permettre à la zone euro de se relever. ‘S’il n’est pas ciblé, s’il se perd dans des dédales administratifs et n’irrigue pas l’économie réelle pour orienter nos pays vers le numérique et le vert, nous aurons raté une occasion historique de changer la donne’, a-t-elle déclaré.

Blocages

Si le parlement européen a donné son feu vert en septembre dernier sur le plan de relance, ce dernier doit encore être approuvé à l’unanimité par les Etats membres. Une fois que ça sera fait, les procédures de ratification pourront démarrer au sein des parlements nationaux. Un calendrier et une méthode de travail ont été établis afin que le paquet puisse entrer en vigueur le 1er janvier.

Or, le processus est pour l’instant ralenti, notamment par la Pologne et la Hongrie. Celles-ci s’opposent à l’exigence émise par les eurodéputés pour la mise en place d’un mécanisme dissuasif conditionnant les subventions européennes au respect de l’Etat de droit.

Autre point de discorde: le budget pluriannuel 2021-2027, auquel est adossé le plan de relance. Ses 1.074 milliards d’euros sont jugés insuffisants par les eurodéputés, qui ne lui ont toujours pas donné leur feu vert.

Un retard ne serait pas acceptable

Face à ces blocages, Christine Lagarde se montre claire: les 750 milliards d’euros doivent être distribués à temps. ‘L’objectif de la Commission est de pouvoir les verser début 2021 et il doit absolument être tenu’, a-t-elle insisté.

‘La balle est dans le camp des États, qui doivent présenter leurs plans de relance – certains sont déjà prêts -, et de la Commission, qui devra les passer au crible rapidement. Les responsables politiques devront aussi aller vite, notamment les parlements nationaux pour adopter les dispositifs’, a-t-elle ajouté.

Visiblement conscient que l’Union Européenne ne pouvait pas se permettre de prendre du retard, le président français Emmanuel Macron a appelé vendredi à accélérer la cadence.

‘Le monde nous regarde, en particulier les marchés financiers’ dans un contexte économique très morose, et face à la seconde vague de l’épidémie, ‘il est vraisemblable que nous aurons à redéfinir une réponse orchestrée’. ‘Le moment est plutôt à l’esprit de compromis entre les institutions’, a-t-il lancé.

La BCE peut aller plus loin

Alors qu’une seconde vague de coronavirus est en train de s’abattre sur l’Europe, et que celle-ci pourrait encore davantage la fragiliser économiquement, Christine Lagarde a déclaré que la BCE était prête à renforcer son action.

‘Après le rebond observé cet été, la reprise était inégale, incertaine et incomplète. Elle risque désormais de s’essouffler. Nous serons très attentifs aux indicateurs tout au long de l’automne. […] Nous n’avons pas épuisé toutes les possibilités de notre boîte à outils. S’il faut faire plus, nous ferons plus’, a-t-elle assuré auprès du Monde.

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