En Chine, les logements vendus mais jamais achevés représentent 20 fois la taille du leader de l’immobilier Country Garden

Payer, et même emprunter, pour accéder à la propriété : une étape essentielle pour beaucoup de monde, y compris en Chine. Sauf que 20 millions de logements déjà payés n’ont jamais été achevés, dans l’Empire du Milieu. Une bombe qui ne demande qu’à éclater.

Pourquoi est-ce important ?

Une bulle qui gonfle, qui gonfle, qui gonfle... L'immobilier chinois ne fait que rebondir de crise en nouveau scandale. Les promoteurs perdent l'équilibre sur leurs dettes abyssales, la justice les guette, et les acheteurs ont perdu toute confiance nécessaire à un retour de la demande. Car les pratiques du marché dans le pays rendent les particuliers vulnérables.

Des logements vendus, mais inhabitables

Le chiffre était à prendre avec des pincettes, mais il avait fait couler beaucoup d’encre. En septembre dernier, l’ancien vice-président du Bureau national des statistiques avait lâché qu’il y avait sans doute plus de logements vacants que d’habitants dans le pays. Mais une nouvelle étude de la holding financière japonaise Nomura enfonce un nouveau clou, plus tangible et bien plus douloureux.

  • Il y aurait 20 millions de logements en construction, mais jamais terminés en Chine. Cela représente 20 fois la taille du parc immobilier du plus grand acteur privé du secteur, Country Garden. Lequel se retrouve d’ailleurs en difficultés financières, avec un défaut de payement de 470 millions de dollars hongkongais (56,7 millions d’euros) le mois dernier.
  • Mais il y a une nuance de taille : il ne s’agit pas là de logements invendus ou invendables. Au contraire : les appartements en Chine sont généralement vendus avant d’être achevés. Ces 20 millions de logements sont donc distincts des 7,2 millions de logements invendus, selon les calculs de Reuters de septembre dernier. Or en l’état, ils sont inhabitables, pour leurs acquéreurs.

Une bombe sociale qui ne demande qu’à exploser

C’est devenu un enjeu majeur pour le gouvernement : outre qu’il doit soutenir son secteur immobilier menacé d’effondrement, il doit aussi s’assurer que les Chinois qui ont payé pour accéder à la propriété obtiennent bien quelque chose. Au risque de voir la colère gronder, crainte première du régime.

« Les acheteurs de logements pourraient devenir de plus en plus impatients en attendant la livraison de leurs nouveaux logements achetés. À un moment donné l’année prochaine, la question de la livraison des logements pourrait se transformer en un problème social et mettre en danger la stabilité sociale, et Pékin pourrait finalement devoir augmenter considérablement le soutien politique. Nous voyons cela comme la clé pour vraiment restaurer la confiance dans le secteur immobilier et l’économie. »

Le rapport de Nomura, ciré par CNBC

52% des logements vendus, mais jamais achevés

  • L’année dernière, de nombreux acheteurs avaient refusé de payer leurs hypothèques sur des achats immobiliers qui n’avaient toujours pas été livrés, rappelle le média économique américain.
  • Or, la situation s’aggrave : « En supposant une croissance de 20% du volume des nouvelles constructions achevées pour l’année en cours, les promoteurs ne réussiront à livrer que 48% des logements prévendus entre 2015 et 2020 » continuent les analystes japonais.
  • Et c’est Pékin qui risque de devoir mettre la main à la pâte, d’une façon ou d’une autre. D’autant que les pouvoirs locaux ne pourront sans doute pas prendre en charge les derniers travaux. Ils sont déjà fortement endettés en cause, encore, de la perte de revenus que signifie pour eux la chute des géants de l’immobilier.
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