Une bulle immobilière qui ne demande qu’à éclater : en Chine, il y aurait plus d’appartements vides que d’habitants

Le chiffre est à prendre avec des pincettes, mais il a quand même été lâché par un ancien cadre du Bureau national des statistiques : la Chine croulerait sous les appartements vides, invendables, jamais terminés, ou pris dans l’escarcelle d’un promoteur qui attend son heure. Mais les Chinois n’achètent plus de chez eux, la faute à la crise.

Pourquoi est-ce important ?

Cela fait plusieurs semaines que ça couve : le secteur immobilier chinois se porte à nouveau très mal, avec des actions en bourse qui s'effondrent, des dettes que les promoteurs ne parviennent plus à rembourser, et même des arrestations dans les conseils d'administration. Mais c'est l'arbre qui cache une forêt de lotissements immobiliers construits en dépit du bon sens.

De quoi loger deux fois chaque Chinois

Cela ressemble à une mauvaise blague, mais c’est bien ce qu’a lâché He Keng, 81 ans, ancien vice-président du Bureau national des statistiques. En Chine, il y a plus de logements vacants que d’habitants, alors que le pays en compte toujours 1,4 milliard.

« Combien de logements vacants y a-t-il maintenant ? Chaque expert donne un nombre très différent, le plus extrême croyant que le nombre actuel de logements vacants est suffisant pour 3 milliards de personnes. Cette estimation pourrait être un peu excessive, mais 1,4 milliard de personnes ne peuvent probablement pas les remplir.

He Keng, lors d’un forum dans la ville de Dongguan, selon une vidéo publiée par le média officiel China News Service.

Un secteur immobilier gigantesque, mais qui ne vend plus grand-chose

C’est là une critique on ne peut plus acerbe de la part d’un ancien responsable d’une importante institution publique : c’est très inhabituel. Et cela contraste avec les déclarations officielles, pour qui l’économie chinoise est toujours « résiliente ».

  • « Toutes sortes de commentaires prédisant l’effondrement de l’économie chinoise surgissent de temps en temps, mais ce qui s’est effondré, c’est une telle rhétorique, pas l’économie chinoise », a ainsi déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
  • Le bureau national des Statistiques est d’ailleurs de plus en plus frileux à pointer que la Chine va mal. Il a par exemple décidé de ne plus publier de chiffres sur l’emploi, après plusieurs mois de mauvais résultats. Ses derniers chiffres sur les surfaces vacantes remontent eux au mois dernier : la surface totale des logements invendus atteignait 648 millions de mètres carrés.
  • Cela équivaudrait à 7,2 millions de logements, selon les calculs de Reuters, sur la base de la taille moyenne d’un logement de 90 mètres carrés. Mais on ne compte là que les logements terminés. De nombreux appartements ont été financés, mais jamais achevés. Et beaucoup d’autres restent vides, dans l’escarcelle de gigantesques promoteurs qui les ont achetés en masse en 2016, et qui constitueraient la majorité de l’espace inutilisé, détaille CNN.

Des cadeaux pour acheter un appartement

Au-delà des déclarations officielles, il y a la réalité quotidienne. En Chine, la confiance dans le secteur immobilier s’est, elle, bel et bien effondrée. Et le marasme économique qui se profile n’incite pas à se lancer dans l’achat d’un appartement, sans parler du chômage qui frappe de nombreux jeunes. Or, sans demandes, le secteur n’en est que plus fragile.

  • Les agents immobiliers en sont à rivaliser de générosité pour vendre quelque chose : ils proposent des lingots d’or, des voitures, des smartphones et autres incitants économiques, apprenait-on en juin dernier, avant qu’une nouvelle vague de défauts de payement s’abatte sur le secteur.
  • À l’époque, les ventes de logements neufs avaient chuté de 22% en mai par rapport à la moyenne d’avant la pandémie, selon une enquête menée dans 40 villes. Dans certaines, ce chiffre se montait à 42%.