Ce pays, l’un des plus pauvres d’Europe, a pourtant le 3e meilleur internet du monde

La Moldavie, un petit pays d’Europe de l’Est qui se classe parmi les plus pauvres du monde, bénéficie pourtant du 3e meilleur réseau Internet du monde. Les 2 seuls pays à la surpasser dans ce domaine sont Singapour et la Corée du Sud, 2 pays bien plus riches et urbanisés qu’elle. (les villes sont plus faciles à connecter avec des câbles de fibre optique que les zones rurales).

90 % des 3,5 millions de Moldaves ont accès à un Internet super rapide, qui peut atteindre des vitesses d’un gigabyte par seconde.

par comparaison, la couverture en Internet très haut débit de ce niveau aux États-Unis, un pays pourtant 2 fois plus urbanisé que la Moldavie, n’est que de 18 % de la population. de même, les 9 autres pays qui bénéficient des meilleures couvertures en termes d’Internet super rapide sont parmi les plus riches de la planète, alors que la Moldavie ne se classait que 147e mondial en termes de PIB en 2011.

Évidemment, un grand pays est plus susceptible d’avoir une plus faible couverture pour son service d’Internet ultrarapide, de même qu’il est plus facile pour un petit pays d’en avoir une meilleure, rappelle Sameh Yamany, CEO de Viavi Solutions, l’entreprise qui a conçu le Gigabit Monitor, qui gère les statistiques mondiales en matière de couverture gigabit.

Mais la taille n’explique pas tout, et le Luxembourg, Taiwan ou même l’Estonie, par exemple, des pays d’une taille comparable voire inférieure à celle de la Moldavie ont de bonnes raisons d’envier son réseau Internet.

La fin de l’ère soviétique

Depuis la dislocation de l’Union soviétique en 1991, la Moldavie, qui en faisait partie, a bénéficié de centaines de millions de dollars de prêts pour favoriser son développement économique et lutter contre sa pauvreté. L’une des conditions spécifiées pour l’obtention d’un prêt qu’elle s’est vu octroyer à la fin des années 2000 par la banque mondiale l’obligeait à privatiser ses télécoms. En 2009, un câble de fibre optique a été tendu entre la Moldavie et la Roumanie voisine. L’émergence d’un nouveau marché a permis la connexion de 99 % des communautés moldaves au réseau de fibre optique. Désormais, la Moldavie est aussi connectée directement à Francfort par fibre optique. Le pays compte 14 fournisseurs d’accès Internet ; le plus grand d’entre eux est une entreprise publique qui détient environ 60 % des parts de marché, Moldtelecom.

La migration

La migration, pourtant l’un des graves problèmes du pays, a elle aussi contribué à démocratiser l’Internet. Les centaines de milliers de Moldaves partis vivre à l’étranger (selon les estimations, plus d’un quart des Moldaves auraient émigré en Russie et ailleurs en Europe, souvent illégalement), ont fréquemment eu comme premier réflexe d’acheter un ordinateur et de l’envoyer à leurs familles pour pouvoir garder le contact avec elles grâce à Skype. De ce fait, ces familles ont vu la nécessité de se connecter à l’Internet.

Un taux de pénétration moyen

Mais une ambiguïté demeure : en dépit du fait que l’Internet moldave soit l’un des meilleurs du monde, ses taux de pénétration, c’est-à-dire la proportion de personnes qui se connectent régulièrement à l’Internet, demeurent relativement moyens. environ 71 % de la population se connectent à Internet au cours de l’année, un taux très proche de celui de pays tels que le Portugal ou l’Argentine, et légèrement inférieur à celui des États-Unis. Cela s’explique probablement par le fait que le prix des ordinateurs les rend encore inaccessibles pour une partie de la population, même si le coût de l’abonnement Internet, aux alentours de 10 € par mois, demeure assez raisonnable.

Une attractivité nouvelle

L’exceptionnelle qualité de la couverture Internet de la Moldavie n’est pas passée inaperçue, et des entreprises étrangères de sous-traitance informatique ou exploitant des centres d’appels se sont installées dans le pays. Beaucoup d’entre elles sont italiennes : en effet, les Moldaves apprennent souvent l’Italien en seconde langue à l’école. Entre-temps, le pays a assisté à un recul de sa pauvreté, et désormais, moins de 10 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, contre 30 % en 2003.

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