Dans le pays le plus malheureux du monde, on ne se fie pas à un médecin de moins de 35 ans

Pourquoi cet ancien État soviétique peu connu se distingue par ce triste honneur ?

Nous avons tous en tête des images de pays où la vie n’est pas facile : la Syrie, l’Irak et le Venezuela par exemple. Mais l’on pense beaucoup moins à la Moldavie.

La Moldavie est un petit pays peu connu et une république d’Europe de l’Est, frontalier avec la Roumanie et l’Ukraine. Près de 3,5 millions de personnes y habitent, et l’on entend peu parler de sa capitale, Chisinau. Le pays est confronté à un dilemme en raison de sa situation géographique : adhérer à l’UE, ou se tourner de nouveau vers Moscou, et l’élection récente du président Igor Dodon, pro-russe, semble indiquer que c’est cette seconde option qui sera choisie.

Pour ces raisons, le pays est considéré comme une poudrière dans la région, mais ce n’est pas pour cette raison qu’il s’agit de la nation la plus malheureuse du monde.

Le sociologue néerlandais Ruut Veenhoven est connu comme le « parrain de la recherche sur le bonheur » et il gère également la « World Database of Happiness » (« Base de données mondiale du bonheur »). Quand il a comparé les pays du monde sur la base du critère du bonheur, il a constaté que la Moldavie se classait bonne dernière.

Les Moldaves ne se font pas confiance entre eux et la méfiance a pris une telle ampleur que toute coopération a cessé dans presque toutes les parties de la société moldave.

Pour son ouvrage, « The Geography of Bliss: One Grump’s Search for the Happiest Places in the World », Eric Weiner est parti à la recherche de ce qui est nécessaire pour rendre une population heureuse. Ses recherches montrent que ce n’est pas tant la richesse et l’égalité des revenus qui sont déterminantes, mais plutôt l’amitié, la confiance et la richesse relative (l’Islande et le Danemark se classent tous deux premiers).

La Moldavie est le pays le plus malheureux du monde, car ce sont les habitants les plus pauvres d’un quartier riche et on ne sait pas comment faire face. La culture moldave accorde trop peu d’importance à l’amitié, la confiance et l’altruisme et donc la situation économique relativement faible du pays rend les gens malheureux et amers.

De même, les pots de vin et la corruption sont la règle plutôt que l’exception dans le pays. La plupart des diplômes attribués ne sont pas émis par les écoles moldaves, mais achetés.

Ceci a pour conséquence que les Moldaves refusent de consulter un médecin âgé de moins de 35 ans, de peur qu’il ne s’agisse pas d’un médecin dûment diplômé, mais d’un imposteur qui aurait acheté ses certificats médicaux.

L’Organisation mondiale de la santé a calculé que les Moldaves sont les 3èmes plus gros consommateurs d’alcool du monde, derrière les Lituaniens et les Biélorusses. Les presque 3,5 millions de Moldaves ont englouti  chacun une moyenne de 15,9 litres d’alcool pur l’année dernière. C’est près de trois fois plus que la moyenne mondiale (6,4 litres). Cela en dit long …

Moldavie, ce n’est « pas mon problème… »

Weiner résume la mentalité moldave en une seule phrase de trois mots: « Pas mon problème ». Faire travailler les gens ensemble pour réaliser quelque chose qui fera avancer le groupe est sans espoir, parce que personne ne veut rien faire qui pourrait favoriser quelqu’un d’autre. Le manque de confiance a fait de la Moldavie un trou noir de méfiance et d’égoïsme.

Quand on demande aux gens quelle est la qualité qu’ils exigent des autres  dans une variété d’environnements – travail, équipes sportives, famille, … – la même réponse se classe systématiquement première : la confiance.

Chisinau street scene

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