Le Canada ordonne à la Chine de se retirer de ses entreprises de lithium: « Pas les mêmes valeurs »

Le Canada ne veut plus que la Chine possède des participations dans ses entreprises d’extraction de lithium. Un changement d’attitude qui veut dire beaucoup.

Pourquoi est-ce important ?

Le lithium est considéré comme un élément pivot de la transition énergétique. Il est notamment essentiel à la fabrication des batteries des voitures électriques, promises à remplacer celles à moteur thermique dans les décennies à venir.

L’actualité : le Canada ne veut plus de participations chinoises dans ses entreprises de lithium.

  • Le gouvernement canadien a ordonné à la Chine de se retirer de trois entreprises d’extraction de lithium. Sont visées :
    • La participation de Sinomine Rare Metals Resources dans Power metals (qui mine au Canada)
    • La participation de Chengze Lithium International dans Lithium Chile (qui mine au Chili et en Argentine)
    • La participation de Zangge Mining Investment dans Ultra Lithium (qui mine au Canada, aux USA et en Argentine)
  • C’est bien la Chine qui est directement visée. D’une part, car elle ne partagerait pas les valeurs canadiennes. D’autre part, car elle représenterait une menace pour la sécurité du pays. Cette décision fait en effet suite à un examen des services de défense et de renseignement ayant mené à la conclusion que ces investissements constituaient une menace pour la sécurité nationale.
  • Le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a ainsi indiqué que le Canada restait favorable aux investissements étrangers directs de sociétés qui « partagent nos intérêts et nos valeurs », mais qu’il « agirait de manière décisive lorsque des investissements menacent notre sécurité nationale et nos chaînes d’approvisionnement en minéraux essentiels ».

L’analyse : Ottawa, encouragé par Washington, veut s’éloigner de Pékin.

  • En parallèle de cette annonce, le Canada a également fait savoir qu’il n’autoriserait qu’exceptionnellement les entités publiques à investir dans ses entreprises de minéraux essentiels.
  • Là aussi, ce sont les groupes chinois qui sont en ligne de mire.
  • Dans le même temps, Ottawa est occupé à renforcer ses liens économiques avec ses alliés occidentaux en matière de minéraux critiques, tels que le lithium.
  • L’initiative est saluée par les Etats-Unis.
    • « C’est un changement dans la politique de sécurité nationale du Canada, qui passe des risques traditionnels de sécurité nationale aux risques de la chaîne d’approvisionnement critique », a souligné Nazak Nikakhtar, ancienne fonctionnaire du département américain du Commerce, auprès du Financial Times.
  • La Chine voit évidemment cela d’un mauvais œil, mais elle ne panique pas. Ses raffineurs traitent encore plus de la moitié de l’offre mondiale.
    • Il en irait autrement si l’Australie, plus grand producteur mondial, suivait le même chemin que celui emprunté par le Canada, en excluant à son tour les groupes chinois.
  • On notera, comme expliqué ici, que l’Europe tente, elle aussi, de se défaire de sa dépendance aux raffineurs de lithium chinois

Le contexte : la course au lithium bat son plein.

  • Élément essentiel des batteries, le lithium est perçu comme un enjeu de tout premier plan pour la transition verte – bien que son extraction soit tout sauf verte.
  • Selon les estimations de l’AIE, la demande mondiale de lithium va plus que décupler au cours des vingt prochaines années.
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