Aux États-Unis, la transition énergétique est trop rapide, avec un sérieux risque de blackout en cas de vague de chaleur

Les opérateurs de réseaux électriques américains ont du mal à répondre à la demande et mettent en garde contre des pénuries d’électricité pendant les vagues de chaleur ou d’autres périodes de forte consommation dès cette année. Un lien avec la crise énergétique due à la guerre en Ukraine ? Pas du tout. C’est plutôt la transition des États-Unis vers des énergies plus propres qui est pointée du doigt.

De la Californie au Texas, en passant par l’Indiana, les opérateurs de réseaux électriques craignent des pannes de courant dans les semaines et mois à venir, rapporte le Wall Street Journal. En cause, l’engagement des États-Unis à se défaire des énergies fossiles. Les centrales électriques traditionnelles alimentées aux charbon et gaz naturel sont mises à la retraite, au profit d’énergies renouvelables (éolienne et solaire), sauf que les nouvelles infrastructures permettent à peine de répondre à la demande. Des pénuries ne sont pas exclues durant les périodes de forte consommation, préviennent les opérateurs.

La vague de pannes d’électricité qu’ont connue les Californiens il y a deux ans pourrait se produire à nouveau. La sécheresse, les chaleurs extrêmes et les incendies de forêt avaient eu raison du fragile réseau électrique. Et à mesure que le réchauffement climatique se poursuit, ces conditions propices à des perturbations du réseau seront de plus en plus fréquentes, renforçant l’urgence de passer aux énergies renouvelables.

Une production contraignante

Le fait est que les parcs éoliens et solaires – formes de production d’électricité la moins chère – ne permettent pas une production continue. Ils sont en effet dépendants des conditions météorologiques, de même que les centrales hydroélectriques qui peinent à tourner lors de sécheresses, et nécessitent des batteries de grande capacité pour stocker leur production en vue d’une utilisation ultérieure.

Un nombre important de batteries de stockage est actuellement en développement, souligne le média américain, mais la cadence de production n’est pas assez rapide et ne permet donc pas de compenser la fermeture de centrales électriques traditionnelles qui peuvent, elles, fonctionner h24, préviennent les opérateurs.

« Tous les marchés du monde essaient de faire face au même problème », a déclaré Brad Jones, directeur général par intérim de l’Electric Reliability Council of Texas, qui gère le réseau électrique de l’État. « Nous essayons tous de trouver des moyens d’utiliser autant de nos ressources renouvelables que possible… et en même temps de nous assurer que nous avons suffisamment de production répartissable pour gérer la fiabilité. »

Car même pour les États qui jouent réellement le jeu de la transition écologique, comme c’est le cas de la Californie dont 100% de l’électricité a été générée par des énergies renouvelables pendant 15 minutes, des pénuries d’électricité ne sont pas à exclure.

Problème de chaine d’approvisionnement et inflation

Le contexte n’aide malheureusement pas. La chaine d’approvisionnement est en effet particulièrement perturbée, en raison des confinements en Chine, et certaines matières premières – la guerre en Ukraine y est pour quelque chose – manquent à l’appel. L’inflation mondiale pèse également dans la balance.

Une demande d’électricité en hausse

Et les soucis des opérateurs pourraient n’être qu’un début, car si la transition énergétique n’accélère pas, le risque de pénurie d’électricité dans les années à venir grimpera en flèche. À mesure que les chauffages domestiques s’électrifieront, que les vagues de chaleur seront de plus en plus fréquentes, poussant les populations à pousser la climatisation et que les voitures électriques deviendront la norme, la demande en électrique sera décuplée.

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