Alors que les Verts proposent de ne plus rendre obligatoire un certificat pour des absences de 3 jours de travail, le coût des absences de courte durée a explosé en Belgique

Dans son dernier rapport, SD Worx montre que les coûts liés à des absences pour maladie de courte durée ont augmenté de 28% en 2022 par rapport à il y a 5 ans. Voilà qui ne va pas plaider pour la récente proposition des Verts, qui veulent ne plus rendre obligatoire l’obtention d’un certificat médical pour justifier une absence allant jusqu’à 3 trois jours, 3 fois par an.

Dans l’actu : les chiffres du spécialiste en ressources humaines SD Worx sur l’absentéisme au travail.

  • En 2022, les absences pour maladie (de courte durée) en Belgique ont coûté en moyenne 1 465 euros par travailleur malade (à temps plein) et par an, note SD Worx. Cela représente une hausse des coûts de 28% par rapport à il y a 5 ans.
  • Un coût supplémentaire malvenu, alors que les entreprises doivent déjà faire face à l’inflation et à l’augmentation des coûts salariaux (indexation automatique).
  • De plus, François Lombard, spécialiste de l’absentéisme chez SD Worx, prévient qu’il faut ajouter à cela les coûts cachés : « Le coût de l’absentéisme est en réalité bien plus élevé. Il y a le coût salarial de la maladie garantie (autrement dit : le coût salarial du temps de non-performance), qui ne constitue qu’un coût direct et facilement mesurable du phénomène, mais il ne faut surtout pas oublier les conséquences et les coûts indirects de l’absentéisme : perte de productivité et de qualité, délais de livraison plus longs pour les clients, remplacement interne ou externe du travailleur malade, augmentation de la charge de travail et éventuelle démotivation des collègues. »

La bataille politique : Ecolo propose d’étendre le nombre de jours d’absence qui ne nécessite pas un certificat médical.

  • Les députés fédéraux Cécile Cornet (Ecolo) et Kristof Calvo (Groen) ont déposé une proposition qui est loin de faire l’unanimité à la Chambre, ce mardi : ne plus rendre obligatoire un certificat médical pour justifier une absence de 3 jours, maximum 3 fois par an. Pour l’heure, cette exemption existe pour le premier jour d’absence pour les travailleurs des entreprises de plus de 50 personnes. Les écologistes veulent aller plus loin et plus fort, en étendant la mesure dans les PME et la fonction publique.
  • Le but recherché est de dégager du temps pour les médecins qui pourront « s’occuper de patients qui en ont vraiment besoin », a justifié la députée, ainsi que d’alléger la charge administrative pour la sécurité sociale.
  • Mais il n’a pas fallu beaucoup de temps pour faire réagir le MR, le partenaire libéral de la coalition Vivaldi : « Vive les vacances ! On n’est pas sorti de l’auberge », a tweeté cyniquement le vice-premier ministre David Clarinval.
  • Même son de cloche depuis l’opposition, où le président des Engagés a réagi avec incompréhension : « Écolo propose 3 jours d’absence au travail sans certificat médical, et ce, à raison de 3 fois par an. En gros, 9 jours de congé potentiel en plus… M’enfin ?? Et après cela, on ira pleurer sur le manque de goût de l’effort dans notre pays ! Ça fragilisera nos PME et services publics. »

Un premier refus

  • En fait, cette proposition n’est pas neuve et avait déjà été lancée l’année dernière par le duo de vice-premiers ministres socialistes Frank Vandenbroucke et Pierre-Yves Dermagne, dans le contexte de la crise sanitaire. Les socialistes évoquaient notamment la mise en place « d’un outil numérique d’autoévaluation et d’attestation jusqu’à 3 jours ». Concrètement, les travailleurs devraient répondre à un questionnaire médical, après quoi un algorithme indiquerait si le travailleur doit rester chez lui, peut travailler à distance ou s’il doit se rendre chez un médecin.
  • Cet outil a été accueilli très froidement par le corps médical, et la proposition complète a reçu un accueil glacial des employeurs, pour qui l’absence de certificat obligatoire pour un jour passait déjà très mal.
  • La proposition écologiste ne reçoit guère un meilleur accueil. Interrogé par La Libre, l’UCM (Union des classes moyennes) juge la mesure « catastrophique », surtout pour les petites entreprises. « Certains travailleurs vont se dire : j’ai droit à neuf jours de congé supplémentaires. C’est un très mauvais signal. » Au contraire, les écologistes misent eux sur « la confiance et la responsabilité » des travailleurs.
  • Quoi qu’il en soit, alors que les libéraux plaident pour une « vraie » réforme du marché du travail, cette proposition n’a pas beaucoup de chances de passer la rampe de la Vivaldi.
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