L’Allemagne est contrainte de réduire l’éclairage public… et c’est finalement une très bonne chose

L’Allemagne veut économiser de l’énergie, c’est pourquoi elle réduit l’éclairage public. Une bonne chose en soi puisque les émissions de CO2 sont en baisse. Et moins de pollution lumineuse est une bénéfique pour notre santé et pour la biodiversité.

Pour répondre à la crise de l’énergie, l’Allemagne, première puissance économique du continent européen et le pays le plus dépendant du gaz russe, doit trouver des solutions. Construction de terminaux GNL, recours à des générateurs immenses tournant au fioul ou encore économies d’énergie. Ces dernières sont entrées en vigueur le 1er septembre.

L’une d’entre elles est d’éteindre les éclairages publics, notamment sur les bâtiments et monuments. La fameuse Colonne de la Victoire et le Dom à Berlin sont par exemple plongés dans le noir, parmi 200 autres monuments de la capitale. Les communes peuvent aussi prendre d’autres mesures, comme réduire l’éclairage des lampadaires : à Weimar par exemple, durant tout l’été, ils ont été allumés une demi-heure plus tard le soir et éteints une demi-heure plus tôt le matin, rapporte Deutsche Welle.

Cela a des avantages bien sûr pour réduire les coûts et pour économiser de l’énergie, mais ce n’est pas tout. Ces économies sont aussi bénéfiques pour la santé et pour la biodiversité.

Pollution lumineuse

Bien entendu, un premier élément consiste en une réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’électricité est encore largement produite à base de combustibles fossiles ; et dans ce contexte, l’Allemagne est en train de massivement relancer le charbon. En Inde, l’éclairage est responsable pour l’émission de 12 millions de tonnes de CO2, soit la moitié des émissions du secteur du transport aérien et maritime ensemble.

Mais le fait que les villes soient désormais plus sombres est aussi une bonne nouvelle. En Europe, 99% de la population subit de la pollution lumineuse (contre 80% dans le monde), ce qui fait que le ciel la nuit n’est jamais vraiment noir. Il n’y a effectivement que sur les sommets des montagnes qu’on peut vraiment voir un ciel noir et les myriades d’étoiles.

Mais nous avons besoin d’obscurité. Elle est essentielle pour une bonne santé, alors que la lumière artificielle est mauvaise pour la santé. Elle peut provoquer des blessures aux yeux, des insomnies, de l’obésité, et même des troubles de la santé mentale comme la dépression, selon des études scientifiques consultées par DW.

« Lorsque nous ne recevons pas l’hormone de mélatonine, lorsque nous ne produisons pas cette hormone parce que nous sommes exposés à beaucoup de lumière dans notre appartement, ou en tant que travailleur posté, alors tout le fonctionnement de ce système d’horloge biologique devient problématique », explique Christopher Kyba, du Centre allemand pour la géoscience, qui parle même « d’un des changements les plus dramatiques ayant eu lieu dans la biosphère » pour qualifier l’introduction des lumières artificielles. « Il y avait un signal constant provenant de l’environnement », continue-t-il. « Ceci est le jour, ceci est la nuit, ceci est le mois lunaire. Dans les zones qui connaissent une forte pollution lumineuse, ce signal a été radicalement modifié. »

Moins d’éclairage public la nuit ou une réduction de l’intensité pourrait aider à rééquilibrer quelque peu la balance entre le jour et la nuit. Cependant, d’un autre côté, il y a aussi des risques : une obscurité plus profonde présente plus de risques pour des crimes et des accidents. Mais il s’agit là d’une question de juste milieu, sans doute.

Biodiversité

Une réduction de la pollution lumineuse ne serait pas que bénéfique pour les êtres humains, mais cela serait aussi avantageux pour la faune et la flore. En raison de la lumière artificielle, les coraux ont du mal à se reproduire, le sens de l’organisation des oiseaux migratoires est perturbé, les tortues qui viennent de naître trouvent moins le chemin de la mer et les insectes sont attirés par les lampadaires. Ils volent autour toute la nuit, se fatiguent, et meurent plus facilement. Les victimes se comptent en centaines de milliards tous les ans, rien qu’en Allemagne.

Les plantes aussi seraient impactées : les arbres proches des lampadaires voient leur cycle de floraison et de tombée des feuilles perturbé, et leur pollinisation est moins efficace que celle des arbres qui poussent dans le noir. Reste à voir si les réductions de l’éclairage public faites en Allemagne seront suffisantes pour avoir un impact positif sur notre santé et la biodiversité.

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