AB Inbev, Nokia, Volkswagen, Airbus, Shell : des résultats en ordre dispersé avant la grande incertitude

Les résultats du 3e trimestre sont tombés pour les principaux groupes européens. Un trimestre marqué par une légère reprise, avant la grande incertitude de nouveaux confinements sur tout le continent.

AB Inbev

AB Inbev continue à faire face à l’incertitude et à la volatilité qui découlent de la pandémie de Covid-19, admet le groupe brassicole à l’occasion de la publication de ses résultats trimestriels. La société renonce au paiement d’un acompte sur le dividende 2020. Le chiffre d’affaires et les volumes de bière sont par contre en hausse.

« Cette décision est conforme à notre discipline financière et donne la priorité à nos engagements de réduction de l’endettement, qui ont été affectés par la pandémie de Covid-19 », explique AB Inbev dans un communiqué. Au troisième trimestre, le chiffre d’affaires (produits) a augmenté de 4%, à 12,8 milliards de dollars. Il est cependant en baisse de 6,8% sur les neuf premiers mois de l’année.

Les volumes ont crû de 1,9% entre juin et septembre. Une hausse liée au marché sud-américain (+20%). Les volumes de bière ont connu une hausse mondiale, les autres boissons affichant une baisse.

Les bénéfices subissent une forte baisse. Pour le 3e trimestre, le bénéfice normalisé attribuable aux porteurs des capitaux propres d’AB InBev est de 1,58 milliard de dollars, une diminution d’environ 34% par rapport au 3e trimestre 2019. Le bénéfice par action affiche 0,52 dollar, pour 1,51 dollar un an plus tôt.

Nokia

L’équipementier finlandais de télécoms Nokia a annoncé jeudi avoir plus que doublé son bénéfice net au troisième trimestre, notamment grâce à une baisse des coûts, mais revoit en légère baisse ses prévisions de bénéfices pour 2020.

Le bénéfice net trimestriel s’est affiché à 193 millions d’euros sur la période juillet-septembre, contre 82 millions au troisième trimestre 2019. Sur le trimestre, son chiffre d’affaires a toutefois reculé de 7%, à 5,29 milliards d’euros (5,65 milliards de francs), là où les analystes attendaient plus de 5,4 milliards.

Engagé dans une chasse aux coûts, Nokia, parmi les pionniers de la 5G, redresse graduellement sa rentabilité.

A ce jour, Nokia a signé 101 contrats avec des opérateurs pour des équipements 5G. Avec le Chinois Huawei et le Suédois Ericsson, ils se partagent actuellement près de 80% du marché des réseaux de cinquième génération.

Si Huawei est considéré comme un leader mondial de la 5G, le groupe est toutefois dans le collimateur de l’administration du président Donald Trump, qui le soupçonne d’espionnage au profit de Pékin.

En Europe, le Royaume-Uni et la Suède ont récemment banni le groupe chinois de leur futur réseau télécoms 5G, invoquant la sécurité nationale – une aubaine pour ses deux principaux rivaux sur le marché de la 5G. Fin septembre, Nokia avait d’ailleurs annoncé son premier contrat 5G au Royaume-Uni – avec l’opérateur BT – depuis l’exclusion de Huawei en juillet, pour un montant non communiqué.

Airbus

Airbus s’estime armé pour affronter une crise amenée à durer, malgré des comptes dans le rouge et une charge de 1,2 milliard d’euros pour se restructurer annoncée jeudi par l’avionneur européen.

L’avionneur européen a essuyé une perte nette de 767 millions d’euros entre juillet et septembre. Elle est notamment imputable à cette charge destinée à financer les mesures d’accompagnement liées aux 15.000 suppressions de postes annoncées en juin, dont 5.000 en France et 5.100 en Allemagne, sur les 134.000 que compte le groupe.

Son grand concurrent Boeing – qui peut aussi compter sur ses activités de défense et de services – a lui subi une perte de 449 millions de dollars sur la période. Il a annoncé mercredi 7.000 suppressions d’emplois supplémentaires, ramenant en deux ans ses effectifs de 161.000 à 130.000.

Airbus, dont le chiffre d’affaires a fondu de 27% au troisième trimestre, à 11,2 milliards d’euros, n’entend lui pas dévier du chemin tracé au printemps pour s’adapter à la crise. Et ce malgré une reprise du trafic aérien plus lente qu’attendu et de nouvelles restrictions décrétées ces derniers jours en Europe, notamment en France et en Allemagne.

Sur les neufs premiers mois de l’année, les livraisons d’avions ont chuté d’environ 40% mais elles n’accusent au troisième trimestre qu’une baisse de 20% comparée à l’année précédente, avec 145 appareils livrés aux clients (contre 28 pour Boeing). Ils n’étaient que 74 au deuxième trimestre, au plus fort de la crise.

Shell

Le géant des hydrocarbures Royal Dutch Shell a annoncé jeudi un bénéfice net de 489 millions de dollars au troisième trimestre, redressant la barre après une perte abyssale au trimestre précédent du fait de l’effondrement des cours du pétrole causé par la pandémie.

Le groupe anglo-néerlandais, qui se permet d’augmenter son dividende, a profité de prix du brut un peu mieux orientés cet été, mais encore très inférieurs à ceux de l’an dernier.

Les cours évoluent autour de 40 dollars à l’heure actuelle, alors qu’ils tournaient autour de 60 dollars un an plus tôt, ce qui avait permis à Shell de réaliser au troisième trimestre 2019 un bénéfice net bien plus élevé, de 5,9 milliards de dollars.

Malgré un rebond des prix après leur effondrement à partir de mars, le marché pétrolier reste déprimé par la faible demande d’or noir en raison de l’impact économique de la crise sanitaire.

Dans le même temps, l’offre reste abondante même si les pays de l’Opep et ses partenaires cherchent à limiter la production pour soutenir les cours.

Shell veut néanmoins réduire drastiquement ses coûts, ce qui passe par la suppression de 7.000 à 9.000 postes d’ici 2022.

Volkswagen

Le géant allemand de l’automobile Volkswagen a fait état jeudi de prévisions inchangées anticipant une forte détérioration de ses résultats financiers cette année en raison de la pandémie après avoir affiché au troisième trimestre un bénéfice net à nouveau positif.

Après de lourdes pertes au deuxième trimestre, le groupe a publié un bénéfice de 2,8 milliards d’euros (3,0 milliards de francs) pour la période de juillet à septembre — un résultat qui reste toutefois en baisse de 31% sur un an. Le bénéfice d’exploitation ajusté, très observé par les marchés, a également baissé d’un tiers, à 3,2 milliards d’euros.

Le groupe, qui identifie pour la période de juillet à septembre une « tendance de reprise claire », a gardé inchangée sa prévision d’un bénéfice d’exploitation «positif» mais en «forte baisse» pour l’année 2020.

Sous réserve de l’évolution de la pandémie de coronavirus, Volkswagen se dit « prudemment optimiste » sur sa capacité à poursuivre « la stabilisation des activités » pour le restant de l’année. Il prévoit également des ventes de voitures et un chiffre d’affaires «nettement inférieurs» à 2019.

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