Le retour en grâce du titan des airs : pourquoi l’A380 superjumbo décolle à nouveau

C’est un engin titanesque qu’on annonçait pourtant cloué au sol il y a de cela quelques années à peine. L’A380 superjumbo n’est rien de moins que le plus gros avion civil de transport de passagers en service et le quatrième plus gros avion de l’histoire de l’aéronautique.

Mais jusqu’ici, il n’avait rien d’un succès économique : mis en service en 2007, ce monstre volant a vu sa production interrompue par Airbus dès 2021, en partie à cause d’un coût de production élevé (436 millions de dollars par avion) et d’un nombre de commandes décevant, mais aussi en partie suite à de nombreux défauts sur les appareils vendus. L’avion présente ainsi des microfissures récurrentes sur ses ailes, découverte après l’explosion d’un moteur d’un des appareils acheté par la compagnie Qantas, en 2010. Des problèmes qui ont entrainé une perte de confiance immédiate alors que le monde était déjà confronté à une grave crise économique.

Un titan capable d’emporter 853 passagers

Depuis la pandémie est passée par là, et elle semblait plutôt annoncer le glas pour les derniers appareils en service. De nombreux avions ont été stockés à long terme et certaines compagnies aériennes ont même saisi l’occasion de se débarrasser de leurs A380, Air France mettant sa flotte au rebut en mai 2020, rappelle CNN. Sauf que deux ans plus tard, alors que le trafic aérien repart à la hausse, ce titan capable d’emporter jusqu’à 853 passagers par vol fait de nouveau parler de lui.

Plus de la moitié de la flotte mondiale d’A380 a déjà repris du service selon les données de Flightradar24, et d’autres compagnies, dont Lufthansa, ont annoncé que leurs exemplaires allaient reprendre leur envol à moyen terme – dès 2023 dans le cas de la compagnie allemande, qui avait acheté 14 de ces avions.

L’A380 fait un retour en force », confirme auprès de CNN Geoff Van Klaveren, analyste de l’aviation et directeur général des services consultatifs chez IBA. « Les opérateurs étaient assez réticents à le ramener parce que c’est un avion très coûteux, mais je pense que nous avons vu la demande reprendre plus vite que prévu. »

Mieux vaut voler que de pourrir au hangar

Plusieurs raisons expliquent le retour des compagnies aériennes vers le superjumbo. « Il y a un manque de capacité en matière de gros-porteurs, car certains opérateurs, comme British Airways, ont mis au rebut des avions plus anciens comme le Boeing 747. Il y a également eu quelques problèmes de production avec le nouvel A350, etc. Certaines compagnies aériennes ont donc besoin de cette capacité » évoque Geoff Van Klaveren. En outre, le prix de revente de ces avions géants s’est effondré. Pour les compagnies qui en possèdent encore, autant donc les user en service plutôt que dans des hangars.

Airbus a produit et livré 251 A380 en 14 ans, dont 238 sont encore en service aujourd’hui, les autres ayant été retirés ou mis au rebut. L’avion, qui n’est plus produit, est populaire auprès des passagers et des équipages, mais pas auprès des compagnies aériennes – seules 14 d’entre elles l’ont exploité à ce jour, dont 9 qui l’utilisent encore actuellement : British Airways, All Nippon Airways, Emirates, Singapore Airlines, Qantas, Qatar, Asiana, Korean Airlines et China Southern Airlines.

L’avion n’étant plus produit, le nombre d’appareils remis en fonction restera limité par un plafond. Il n’empêche que c’est là un retour en grâce plutôt honorable pour cette immense machine volante. Pour rappel, l’A 380 est un quadriréacteur à double pont, long de 72 m et déployant une envergure de 79 m. Au décollage et chargé de son carburant -320 m3 de kérosène – et de ses passagers, il peut faire décoller jusqu’à 575 tonnes.

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