La dernière offensive de Moscou : la Russie tente de reconstruire son réseau d’espions en Europe avec une nouvelle priorité bien établie

Il apparaît de plus en plus clairement que le SVR, le service de renseignement extérieur russe, ainsi que le GRU, l’agence de renseignement militaire, cherchent à reconstituer leurs réseaux d’espions dans les pays européens, en particulier dans le cadre de l’assistance militaire à l’Ukraine.

Pourquoi est-ce important ?

La tentative des espions russes de renouer avec leurs activités en Europe indique que les services de sécurité occidentaux sont vigilants et ont réussi à contrecarrer certaines opérations de sabotage. Il est donc crucial qu'ils continuent à être attentifs et qu'ils ne baissent pas leur garde face aux assauts du Kremlin.

Zoom avant : Les expulsions d’agents du renseignement russe opérant sous couverture diplomatique en Europe ont compliqué les tentatives d’incursion de Moscou.

  • Depuis l’invasion en Ukraine, plus de 400 agents de renseignements russes non déclarés ont été expulsés d’Europe, notamment de Belgique, de France et d’Allemagne, selon le chef des services de sécurité britanniques, Ken McCallum.
  • Le service finlandais de sécurité et de renseignement (SUPO) a déclaré jeudi que les expulsions d’agents de renseignements russes et les refus de visa infligés à leurs remplaçants avaient considérablement affaibli les opérations de renseignement de Moscou dans la région nordique.
    • « La station de renseignement russe [en Finlande] a été réduite de moitié l’année dernière », a déclaré Antti Pelttari, directeur du SUPO.

Zoom arrière : Moscou tente désormais de reconstruire son réseau d’espions, avec de nouvelles priorités.

  • Selon Darius Jauniškis, directeur du département de la sécurité d’État de Lituanie, « les services de renseignement russe explorent d’autres méthodes de collecte de renseignements : le renseignement non traditionnel via les opérations en ligne« , a-t-il déclaré à Politico.
    • « Si la Russie cherche toujours à placer des agents de renseignement sous couverture diplomatique, elle devra trouver des moyens de compenser le manque de personnel, notamment en adoptant de plus en plus d’autres formes d’opérations secrètes à l’étranger », a confirmé Antti Pelttari.
  • La priorité est désormais de surveiller « la production et la fourniture d’armes occidentales à l’Ukraine », affirme Darius Jauniškis.
    • Il y a quelques semaines, des agents du contre-espionnage polonais ont démantelé un réseau d’espionnage travaillant pour les services de renseignement russes. Ils étaient chargés de dissimuler des caméras sur d’importants itinéraires ferroviaires afin de surveiller les livraisons d’armes et de munitions occidentales destinées à l’Ukraine.
    • Les suspects se préparaient à « des actions de sabotage visant à paralyser la fourniture d’équipements, d’armes et d’aide à l’Ukraine », a déclaré le ministre polonais de l’Intérieur.
    • Jauniškis indique que la Russie a mené des campagnes de recrutement en la matière auprès des citoyens lituaniens lorsqu’ils voyagent en Russie ou au Belarus.

Moscou se cache-t-il derrière ces sabotages ?

En marge : Les services de renseignement européens suspectent la Russie d’être derrière une série de sabotages mystérieux qui ont eu lieu l’année dernière.

  • Il y a par exemple eu la coupure de câbles de communication utilisés par les conducteurs de train en Allemagne.
  • Ou encore des vols de drones non autorisés près d’aéroports et d’infrastructures énergétiques en Norvège et en Lituanie.
  • Sans compter qu’un navire espion russe est passé au large des côtes belges à la mi-novembre, ce qui a vivement inquiété le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne.
  • Des agents russes et des espions travaillant pour le SVR ou le GRU ont également été arrêtés dans plusieurs pays, notamment en Bulgarie, en Slovaquie, en Albanie, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Suède et en Norvège.
    • Certains chefs des services de renseignement européens sont très préoccupés par la possible présence d’agents « dormants » ou « illégaux » russes, c’est-à-dire des espions cachés dans les pays cibles, qui ont été entraînés à se fondre dans la population en utilisant des fausses identités, et qui mènent une vie apparemment « normale » et inoffensive.

Conclusion : Cette série d’accidents et d’arrestations en Europe témoigne de la détermination de la Russie à recueillir autant d’informations que possible sur les installations de défense et les plans militaires de l’OTAN.

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