Des chars américains pour l’Ukraine oui, mais pas les plus neufs… Tandis que la Russie vide les musées

Le début de l’année a été marqué par l’enjeu des livraisons de chars de combat occidentaux à l’Ukraine, alors que le stock d’engins d’origine soviétique dont disposaient encore certains pays de l’OTAN a été largement vidé. Les promesses de livraisons ont été faites, chaque pays mettant sur la table ce dont il peut se passer. Reste maintenant à concrétiser ces livraisons.

Dans l’actualité : l’armée ukrainienne rappelle que son matériel s’use à grande vitesse et qu’elle a toujours plus besoin de chars pour enrayer les tentatives de percée des Russes, voire pour espérer mener une nouvelle contre-attaque. Mais l’oncle Sam peine à assurer la commande.

  • Les États-Unis avaient promis en janvier dernier de livrer 31 chars de combat M1A2 Abrams à l’armée ukrainienne. Des engins qui devaient toutefois être différents de ceux qui servent actuellement dans l’armée américaine, pour préserver le secret sur certains équipements de haute importance stratégique. L’ennui, c’est que suivant ce plan, il fallait produire ces chars, et cela prendrait bien trop longtemps.
  • Changement de fusil d’épaule au Pentagone : finalement ce sont des modèles plus anciens, des M1A1, qui seront livrés. Ceux-ci ont l’avantage d’être immédiatement disponibles : près de 5000 de ces chars furent livrés à l’US Army entre 1985 et 1992 rappelle Opex360, et d’autres servent dans de nombreuses armées de par le monde.
  • « Cela nous permettra d’accélérer considérablement les calendriers de livraisons et de fournir cette capacité importante à l’Ukraine d’ici à l’automne de cette année », a commenté le général américain Pat Ryder

Le problème croissant de la logistique

Les chars occidentaux bien plus modernes que la majorité des engins d’origine soviétique qui combattent en Ukraine, c’est un avantage certain. Mais encore faut-il que les munitions et les pièces détachées suivent, et plus les modèles d’engins sont nombreux et différents, plus cela se complique.

  • Les Ukrainiens vont devoir mettre en place des filières logistiques distinctes pour les chars Leopard d’origine allemande et envoyés par toute une coalition de pays, mais aussi les Abrams américains et les Challenger britanniques, sans compter tous les autres véhicules promis par l’OTAN.

Nous serons obligés pour chaque type d’engin d’organiser une gestion spécifique des pièces détachées, avec des stocks, des munitions et du personnel formés pour les réparer et les utiliser. […] Les Abrams sont différents des Leopard et si dans une brigade, il y a trop de variété, ça peut être tellement compliqué que l’on pourrait perdre en efficacité.

Orest Firmaniuk, officier de presse de la 1re brigade blindée ukrainienne, cité par France TV

Des Russes qui vident les réserves des musées ?

De l’autre côté, la situation n’est guère plus enviable : les Russes aussi ont subi de lourdes pertes et constatent l’usure de leur matériel. Et eux n’ont pas des alliés qui, certes, n’ont pas des stocks énormes, mais peuvent au moins fournir le top du top. Pour la seconde fois, des chars anciens retirés du service semblent bien sortir des dépôts où ils accumulaient la poussière.

  • En octobre 2022 déjà, des chars T-62 ont fait leur apparition sur le front, quand bien même ils devaient normalement n’équiper que des unités de réserve. Ces vieux chars des années 1960 n’avaient pas grand-chose à opposer d’efficace à des engins plus modernes.
  • Mais selon certaines images dénichées par l’observateur du conflit Oryx, qui recense et géolocalise le matériel et les pertes, ce sont maintenant des engins encore plus anciens qui sont sortis d’hibernation pour partir en Ukraine. Des T-54 et T-55 datant des premières années de la guerre froide.
  • Ce char sert encore dans quelques pays arabes, africains et asiatiques, et dans les faits, les Ukrainiens utilisaient encore quelques-uns de ces chars au début de la guerre, mais pas les Russes, où sa carrière opérationnelle fut plutôt courte. Le voir tout d’un coup sur des plateaux de chemin de fer à destination de l’Ukraine donne une idée de l’état des stocks d’une armée russe qui multiplie les expédients pour combler les trous. Ces engins de 36 tonnes produits en masse n’ont pas la moindre chance face à un Abrams presque deux fois plus lourd.
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