La Chine et les États-Unis augmentent les pressions à l’encontre de leurs propres multinationales technologiques. On est pourtant très loin de la vérité. Les chances que quelque chose change sont en réalité très minces.
La Chine a infligé lundi une amende de 2,3 milliards d’euros à l’entreprise d’e-commerce de Jack Ma, Alibaba. Le gouvernement chinois enquêtait sur les pratiques monopolistiques de l’entreprise. Résultat : Alibaba a été condamné à une amende correspondant à 4% des ventes nationales de l’entreprise en 2019.
Les bourses ont répondu avec enthousiaste à cette décision. Les autorités chinoises n’ont en effet pas imposé de changement majeur dans le fonctionnement de l’entreprise. La capitalisation boursière d’Alibaba s’est donc envolée et a gagné 40 milliards d’euros en un jour. La fortune personnelle de Jack Ma a elle grimpé de plus de 2 milliards d’euros en 24 heures. Alibaba a assuré que la sanction ‘n’affectera pas négativement’ ses activités.
Pékin ne veut pas détruire son champion national. Son but est d’utiliser les entreprises ‘mieux contrôlées’ du BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) comme une arme dans la lutte contre les homologues américains.
Une taxe mondiale
À l’autre bout du monde, le président américain Joe Biden fait pression pour la création d’un impôt mondial sur les sociétés. Les États-Unis veulent entamer des négociations au sein de l’OCDE avec une proposition de taxe de base de 21%. Les chances que des pays comme l’Irlande, les Pays-Bas ou encore les Bermudes acceptent sont nulles. Il est bien plus probable que l’impôt décidé se trouve entre 15 et 17%.
The Economist a calculé que les GAFAM (Google – Apple – Facebook – Amazon – Microsoft) ont payé 220 milliards de dollars en taxe au cours de la dernière décennie. Cela représente 16% de leurs bénéfices avant impôts. Il n’y aurait donc aucun changement. La question à se demander est donc ‘pourquoi la Chine et les États-Unis semblent sacrifier leurs géants technologiques pour donner à l’ennemi un cadeau stratégique ?’
Dans ce débat, l’Europe n’a aucune importance. Quiconque vérifie les 100 plus grandes entreprises technologiques du monde dans le classement de Forbes ne trouvera que 17 entreprises européennes. Deutsche Telekom arrive pour la première fois à la 19e place, mais le reste du top 20 est entièrement américano-asiatique. La capitalisation boursière de ces 17 compagnies européennes ne représente même pas 5% de l’ensemble du classement.
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