Le CO2 est l’un des plus gros casse-têtes des politiques environnementales. Il est difficile de ne plus en produire du tout. Mais sa trop forte présence dans l’air est l’une des causes du réchauffement climatique. Les scientifiques cherchent donc des solutions pour capter le CO2. Si certains essayent de le transformer en carburant ou en méthanol, la société Carbfix propose tout simplement de le stocker dans la roche. Simple, efficace et pas cher.
Carbfix est une start-up islandaise lancée en 2007. Elle a mis au point une technique qui consiste simplement à capter le CO2, à le dissoudre dans l’eau et à l’injecter dans des roches. En moins de deux ans, le dioxyde de carbone se transforme en pierre. ‘Fondamentalement, nous ne faisons que ce que la nature fait depuis des millions d’années’, explique Edda Sif Pind Aradottir, la CEO de Carbfix.
En plus d’être bon marché, cette technique offre assez de capacités de stockage pour stocker tout le CO2 produit sur Terre. Selon Carbfix, il y a assez de place pour fixer tout le carbone émis par les installations humaines et bien plus encore. L’Europe pourrait, selon des projections théoriques, stocker au moins 4.000 milliards de tonnes de CO2. Les Etats-Unis possèdent une capacité de 7.500 milliards de tonnes, au minimum. Il s’agit d’une solution qui pourrait bien être utile pendant les décennies prochaines, même si l’objectif de zéro émission doit rester prioritaire.
Captation du CO2
La première étape semble en réalité la plus dure. Et pourtant c’est celle que toutes les entreprises qui veulent récupérer le CO2 vont devoir réaliser : le captage. Il y a deux techniques, explique Bloomberg:
- Le captage directement dans l’entreprise. Imaginons une usine à ciment, qui est l’une des plus polluantes au monde. La captation permettrait de récupérer le CO2 dans les cheminées avant que le gaz ne se répande dans l’air.
- L’élimination en récupérant le carbone dans l’air. Cette technique est la plus difficile des deux. Mais elle permettrait de récupérer le CO2 excédentaire qui n’est pas produit dans des usines. Par exemple, le dioxyde de carbone qui s’échappe des moteurs de voiture.
Carbfix utilise les deux techniques. La première est testée dans la centrale géothermique d’Hellisheidi. La seconde est gérée en partenariat avec la start-up suisse Climeworks AG, qui crée la technologie d’élimination du carbone.
L’entreprise islandaise injecte ensuite le CO2 dilué dans du basalte, une roche magmatique très présente sur cette île aux quelque 200 cratères volcaniques. Le liquide va réagir avec le calcium, le magnésium et le fer et en deux ans des carbonates auront rempli les espaces creux dans cette roche. Carbfix doit maintenant améliorer sa technique pour qu’elles puissent être utilisées avec d’autres types de roches.
Remplacer les quotas européens
L’Union européenne, pour accélérer la transition écologique, a mis en place un système de quotas d’émission de CO2. Chaque entreprise est autorisée à émettre une quantité précise de ce gaz. Si elle dépasse la limite, elle doit tenter d’acheter des quotas à des entreprises beaucoup moins polluantes. Tesla, qui ne produit que des voitures électriques, gagne d’ailleurs énormément d’argent en revendant ses quotas. Sur ce marché, produire une tonne de CO2 coûte 40 euros.
Mais l’entreprise Carbfix propose une solution bien plus intéressante. Les tests sur la centrale géothermique d’Hellisheidi indiquent que le captage d’une tonne de CO2 ne coûte que 25 euros. Il est donc plus intéressant pour l’entreprise de capter du CO2 plutôt que de payer pour émettre. Et on peut imaginer qu’une centrale à gaz, qui produit plus de carbone, aurait encore plus intérêt à passer par cette solution.
En outre, le système des quotas ne prend pas en compte l’élimination de CO2 dans l’air. Ainsi, une entreprise comme Climeworks AG – avec une production négative de dioxyde de carbone – ne rentre pas dans ce système. Aucune entreprise ne pourra acheter des quotas d’élimination, pour faire diminuer virtuellement ses émissions. Une révision du modèle permettrait d’intégrer le captage et ainsi pousser les entreprises à investir dans ces techniques.