Les fameux masques Avrox, distribués gratuitement au début de la pandémie, seraient toxiques

Après avoir suscité plusieurs scandales pour leur retard et pour leur attribution de marché nébuleuse, les masques fournis par Avrox à la Belgique seraient également dangereux pour la santé. C’est ce qui ressort d’un rapport secret établi par l’institut de santé publique, Sciensano.

Mardi soir, la RTBF a mis au jour un rapport confidentiel diligenté par Sciensano. Il concerne les masques en tissu conçus par la société luxembourgeoise Avrox et envoyés en Belgique l’été dernier. D’après l’institut de santé publique, ce tissu de protection renferme des nanoparticules d’argent et de dioxyde de titane.

Ces particules seraient dangereuses pour la santé, et notamment pour le système respiratoire. Un comble, en pleine pandémie de Covid-19.

‘Le risque est de développer une inflammation pulmonaire surtout si ces masques sont portés par des personnes qui souffrent d’une pathologie respiratoire, comme c’est le cas en période de pandémie’, a souligné le Pr. Dominique Lison, toxicologue à l’UCLouvain. ‘C’est donc une moins bonne idée d’utiliser des nanoparticules dans un contexte dans lequel on se trouvait à ce moment-là.’

Sciensano a tenu à nuancer la dangerosité des masques, via un communiqué. ‘Les résultats actuels ne permettent pas d’estimer si ces nanoparticules sont effectivement libérées des masques et dans quelle mesure les utilisateurs y sont exposés. Ce sont les premiers résultats de la première phase de l’étude et il est important d’interpréter cela avec prudence’, a répondu l’institut.

Un scandale de plus

Cet épisode n’est qu’un chapitre supplémentaire à la « saga Avrox ». On se souvient que les livraisons – l’Etat avait commandé 18 millions de masques pour 40 millions d’euros – avaient subi d’importants retards. Les Belges avaient commencé à pouvoir les retirer en pharmacie à partir du 15 juin, alors que le port du masque était devenu vivement conseillé – voire obligatoire, notamment dans les transports en commun – de nombreuses semaines plus tôt.

Le fait que la Défense – chargée de choisir les entreprises livrant ces masques – ait opté pour Avrox avait également suscité beaucoup d’interrogations. Disposant d’une adresse au Luxembourg et appartenant à un millionnaire jordanien domicilié à Malte, la société était jusqu’alors inconnue dans le secteur.

En plus de l’opposition – notamment la N-VA – le milieu du textile belge avait fait part de son indignation, une entreprise allant même jusqu’à saisir le Conseil d’Etat. Interrogé en séance plénière à la Chambre, le ministre de la Défense Philippe Goffin avait assuré que les règles du marché public avaient été respectées. Par ailleurs, il avait fait savoir que le secteur belge avait été consulté, mais qu’il n’avait pas été possible de constituer un consortium national capable de répondre à l’ampleur de la commande.

Ces différentes affaires avaient, semble-t-il, refroidi les Belges à l’idée d’aller chercher ces masques gratuits. Après un mois, seulement 3,5 millions de masques avaient été retirés en pharmacie. D’après la RTBF, huit mois après le début de leur distribution, il en reste encore 3,5 millions à écouler.

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