Vendredi, le gouvernement belge se penchera sur une éventuelle réouverture métiers de contact. Le nombre d’hospitalisations dans les hôpitaux belges est en baisse, mais cela n’offre pas pour autant de meilleures perspectives à la population. Entre affirmations et contradictions, la Belgique surfe une nouvelle fois sur la vague de la cacophonie. Existe-t-il une stratégie de déconfinement ?
Alors qu’un nouveau Comité de concertation sera convoqué ce vendredi, les déclarations fusent dans tous les sens, semant la confusion au sein de la population et des secteurs à l’arrêt.
Pour rappel, le Comité de concertation avait tablé, lors de sa dernière conférence, sur une réouverture des commerces des métiers de contact à compter du 13 février, sous réserve que les chiffres aillent dans ce sens.
Quel sera le verdict, et surtout, sur quoi se fondera-t-il? Dimanche, les hôpitaux belges ont enregistré 73 nouvelles hospitalisations en 24 heures, soit les chiffres les plus bas enregistrés depuis le 3 octobre dernier. Sur les 7 derniers jours, les hospitalisations poursuivent leur baisse de 12% à une moyenne de 119.
Ces chiffres positifs ont poussé le ministre des indépendants, David Clarinval (MR), à affirmer qu’une réouverture des commerces encore à l’arrêt pourrait être prochainement envisagée : ‘Raisonnablement, si tout va bien, on peut espérer l’ouverture d’autres secteurs en mars’, a-t-il confié au micro de BEL RTL, en ciblant notamment les bars et restaurants. Le MR aime à jouer les trublions dans cette crise, se plaçant, de manière opportuniste selon ses détracteurs, du côté des indépendants et des secteurs en difficulté.
Les propos du ministre sont en tout cas contredits par différents experts et membres du Comité de concertation, comme le rapporte la Dernière Heure. ‘Un tel calendrier n’a jamais été évoqué dans aucune réunion du Comité de concertation’, a rapporté un politique au quotidien.
Il est vrai que les hospitalisations sont en baisse, mais la Belgique n’est pas près d’entrevoir la lumière au bout du tunnel. Fin novembre, le commissaire Corona, Pedro Facon, avait déployé une nouvelle stratégie en deux phases pour offrir plus de clarté à la population.
La méthode ‘800-75’, au cœur de la dissonance?
Un dispositif toujours d’actualité aujourd’hui, comme l’atteste le bulletin épidémiologique de Sciensano: pour que les mesures s’assouplissent, la Belgique doit passer sous la barre des 800 nouvelles contaminations par jour et des 75 admissions quotidiennes dans les hôpitaux, le tout sur une période de 14 jours. Il apparaît que pas moins de 2.717 nouvelles contaminations ont été enregistrées au cours des dernières 24 heures ce 31 janvier.
Toutefois, il semble que les décisions du Codeco ne sont ‘plus subordonnée’ à ce seuil, comme le précise le cabinet Vandenbroucke à la Dernière Heure. Des propos corroborés par Yves Coppieters, épidémiologiste (ULB).
‘Les indicateurs et cibles fixées depuis novembre 2020 (le 75-800) ne sont plus appropriés, avec les variants et le début de la campagne vaccinale. Il ne sera possible d’atteindre de tels chiffres qu’après une couverture vaccinale très importante’. Mais du côté du Commissariat Corona, il n’y aurait pas de nouvelle stratégie en vue. Revoilà, la cacophonie.
‘On ne peut pas se permettre de jouer au Mikado’
Le débat doit visiblement être relancé, mais, comme le souligne Yves Copieters: ‘Sans boussole, comment le Comité de concertation va-t-il justifier ses choix? Même une décision politique doit être argumentée’.
Yves Van Laethem corrobore ces propos. Il appelle encore une fois à la vigilance: ‘Il faut rester attentif (…) Faire bouger une ligne risquerait de faire s’effondrer le tout, on ne peut pas se permettre de jouer au Mikado’, a-t-il confié à la Dernière Heure, ce lundi.
Le gouvernement a-t-il changé son fusil d’épaule ? La nouvelle stratégie sera-t-elle alors basée sur des chiffres précis ? Se rajoute à cela la stratégie de vaccination et les retards annoncés dans les livraisons par les différents groupes pharmaceutiques.
Autant de divergences qui sèment la confusion totale au sein de la population belge, qui perd patience face aux mesures actuelles, comme le rapporte le baromètre de l’Université de Gent. L’équipe derrière cette enquête plaide pour plus de clarté: selon elle, la semaine dernière, la confiance des Belges aurait chuté à 41%.
Un manque de clarté relevé par les experts. Comme le souligne Yves van Laethem, ‘ Nous restons ballotés entre deux flots, pour être honnêtes, on ne sait pas très bien où l’on va’. Et les Belges non plus.