On tente tous de prendre des décisions sur base de la logique et de faits objectifs, tout en ne laissant pas parler nos sentiments, surtout lorsqu’il s’agit d’argent. Pourtant, notre cerveau n’hésite pas à nous duper, c’est ce qu’on appelle les biais comportementaux, qui nous font faire des choix totalement illogiques en nous laissent penser que c’était la meilleure solution.
Il est difficile d’éviter ces biais, tout simplement parce que la plupart du temps, nous ne nous en rendons même pas compte. La connaissance de ces biais peut toutefois nous permettre d’analyser nos choix pour voir s’ils n’entrent pas en compte.
Deux économistes, Victor Stango et Jonathan Zinman, ont remarqué que tout le monde était victime de ses biais comportementaux, quel que soit son origine sociale ou son niveau d’éducation. Toutefois, chacun a une sensibilité différente à chaque biais, même si ceux-ci se maintiennent dans le temps. En tout, ils recensent 6 sources de biais cognitifs qui interfèrent avec notre logique
1. Les biais dans le temps
Incohérence de la gestion d’argent dans le temps
Par ce biais, les chercheurs expliquent que certaines personnes auraient tendance à faire des choix différents si ceux-ci auraient un impact immédiat. Ainsi par exemple, si on vous demande: préférez-vous recevoir 100 euros maintenant ou 105 euros dans une semaine, vous aurez tendance à vouloir cette somme dès maintenant. Mais si on vous dit que vous pouvez recevoir 100 euros dans un an ou 105 dans un an et une semaine, vous choisirez plus facilement la seconde option. Pourtant la différence de temps à attendre entre les deux sommes est exactement la même.
Incohérence de consommation dans le temps
Ce biais montre également que nos choix seront différents en fonction du moment où ce choix nous impacte. L’exemple donné par les deux économistes est celui du choix entre un snack sain ou d’un encas avec plus de goût, mais beaucoup moins bon pour la santé. Si vous devez faire le choix de le manger directement, vous aurez tendance à prendre le snack mauvais pour la santé. Mais si le choix est pour dans 5 semaines, vous prendrez encas sain. Ce biais est d’ailleurs utilisé en nutrition: il est conseillé de préparer ses plats à l’avance pour faire des choix plus sains.
2. Les biais de préférence
Théorie de la préférence révélée
Ce biais, comme le dit son nom, montre quelles sont vos véritables préférences, même lorsque vous affirmez que vous n’en avez pas. Imaginons que vous pensez aimer autant le café que le thé. Si le café est moins cher que le thé, vous n’aurez plus de préférence. C’est financièrement logique. Et si vous choisissez le thé, c’est que vous avez finalement une préférence.
3. Les biais liés à des sentiments
Préférence pour la certitude
Ce biais nous fait choisir un événement où les risques sont plus importants, mais qui est sûr d’arriver, plutôt qu’un événement où les risques sont plus faibles, mais incertains. Nous nous sentons plus sereins face à la certitude des événements futurs.
Aversion aux pertes
Notre cerveau déteste perdre. Les sentiments liés à un échec sont tellement forts, que nous voulons les éviter à tout prix. Ainsi, certaines personnes auront tendance à faire un choix qui a 50% de risques de nous faire perdre 50 euros, plutôt qu’un choix qui a plus de chances de vous faire perdre, mais seulement 10 euros.
Aversion à l’ambiguïté
Ce biais ressemble aux deux précédents. Nous détestons ne pas savoir ce qui va nous arriver. Nous aurons donc tendance à choisir un plan avec plus de risques, mais que nous connaissons, plutôt qu’un événement potentiellement moins coûteux, mais qui nous est moins familier.
4. Biais de confiance
Biais de confiance en soi
Ce biais touche les personnes qui ont énormément confiance en eux. Ils pensent tellement avoir raison qu’ils surestiment le nombre de fois où ils vont faire le bon choix. L’inverse de ce biais existe aussi, avec des personnes qui n’ont pas assez confiance en elles. Le test de base pour connaitre de quel côté vous êtes est de répondre à une série de questions. Avant d’avoir les réponses, vous devez estimer le nombre de fois où vous avez visé juste. Si vous avez énormément confiance en vous, vous surestimerez généralement vos réponses. Si c’est l’inverse, vous le sous-estimerez. Ce biais peut changer en fonction des sujets abordés, vous pouvez vous sentir en confiance dans certains domaines et beaucoup moins dans d’autres.
Ce biais se divise en deux autres principes: la confiance dans vos propres estimations et la confiance dans vos performances relatives. Le premier insiste plus précisément sur vos capacités d’estimer un prix, une heure, une taille, etc. Le second indique comment vous vous placez par rapport aux autres. Êtes-vous meilleur ou moins bon ?
L’erreur de Cold Hand Gambler
Vous pensez que quand un événement qui a 50% de chance d’arriver se produit 3 fois de suite, vos chances d’obtenir l’événement inverse augmentent. Mais c’est faux, les probabilités restent les mêmes. Cela se montre dans les paris. Si vous avez perdu 10 fois de suite à un jeu, vous pensez que vos chances de gagner sont supérieures à la prochaine partie. Vous risquez donc de parier une somme plus grande alors que les probabilités de gagner restent faibles. De nombreux parieurs se font avoir.
5. Biais d’estimation
Biais de croissance exponentielle
Ce biais vous empêche d’estimer l’évolution d’une valeur dans le temps si celle-ci fonctionne de manière exponentielle. Un exemple : un placement exponentiel va, par exemple, doubler votre placement toutes les semaines. Vous avez un euro la première semaine, deux la deuxième, quatre la troisième, 8 la quatrième et ainsi de suite. Très vite, vous deviendrez millionnaire, puis milliardaire.
Le problème se pose pour l’estimation des intérêts sur un prêt si ceux-ci sont mensuels. L’emprunteur aura tendance à sous-estimer ce que ça lui coûtera à long terme.
Ce biais peut également nous surprendre lorsqu’il s’agit d’intérêt sur une valeur en bourse. Si vos intérêts tombent tous les mois, vous risquez d’être surpris de la somme engrangée à la fin de l’année.
6. Biais d’attention
Narrow bracketing
En français, le nom de cette théorie signifie littéralement ‘mise entre crochets étroits’. Ce biais est la tendance à prendre une décision sans prendre en compte tous les choix possibles ni les contraintes liées aux possibilités proposées.
Attention limitée
Il est relativement difficile de rester concentrer sur une tâche pendant longtemps. On dit que 90 minutes est la limite de temps pendant laquelle on peut faire quelque chose avec une concentration optimale. Mais vous remarquerez qu’à l’école, les cours sont divisés en période de 50 minutes (voire d’une heure) pour favoriser la concentration. Si une explication sur vos finances prend trop de temps, vous risquez de laisser passer certaines informations qui vous auraient permis de faire des choix plus logiques.
Mémoire limitée
De la même manière, si vous recevez trop d’informations au même moment, vous risquez d’en oublier certaines, qui auraient pourtant été utiles dans votre prise de décision.
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