Biden a battu Trump grâce aux femmes, mais pas n’importe lesquelles

Un peu moins de deux semaines après l’élection présidentielle américaine, on commence à y voir un peu plus clair sur les profils qui ont permis à Joe Biden de battre Donald Trump. Le démocrate l’a emporté grâce aux votes des femmes, mais pas avec une avance aussi importante qu’attendu.

Associated Press a sondé près de 110.000 personnes afin d’en savoir davantage sur le profil des votants. Sans surprise, Donald Trump aurait été reconduit pour un second mandat si les femmes n’avaient pas voté. 55% d’entre elles ont voté pour le camp démocrate, contre 46% des hommes. Quand on sait que certains sondages avaient annoncé un raz-de-marée féminin pour le duo Biden-Harris, on se rend compte que la réalité n’a finalement pas été si tranchée.

En 2018, lors des élections de mi-mandat, les démocrates avaient été soutenus au Congrès par 58% des femmes, contre 48% des hommes.

Selon les données de l’American National Election Studies, lors des dix dernières élections, l’écart moyen entre hommes et femmes a été de 8 points. Avec 10 points cette année, la lutte Biden/Trump n’aura donc finalement pas été aussi clivante au niveau des sexes.

Susan J. Carroll, professeur en science politique et en études de genre à l’université Rutgers, a qualifié l’écart entre les sexes de ‘très moyen’. Ceux qui s’attendaient à un tsunami féminin démocrate ont finalement aperçu ‘à peine une vaguelette’.

Les femmes noires et de banlieue, pro-Biden

Joe Biden n’a pas emporté les voix des femmes de tous les milieux, loin de là. Ainsi, AP remarque que 60% des femmes blanches non-universitaires ont voté pour Trump. Seulement 39% ont choisi Biden. Des chiffres qui s’inversent lorsqu’on tient compte des femmes blanches universitaires.

Là où Biden a surtout construit sa victoire, c’est dans la communauté afro-américaine et dans les banlieues. 93% des femmes noires ont voté pour le candidat démocrate, contre 6% pour le candidat républicain.

59% des voix des femmes de banlieue ont été en faveur du duo Biden/Harris, contre 40% pour Trump/Pence. Après s’être attiré les foudres de ces dernières en les assimilant toutes à des ‘femmes au foyer’, le président leur avait envoyé un ‘Please, like me’. Sa demande n’a finalement pas été entendue.

‘Nous avons montré à l’Amérique que les femmes des banlieues sont diverses et qu’elles constituent un bel ensemble d’ethnies, de races, de statuts matrimoniaux, de professions et de nombreuses autres catégories. Les femmes de banlieue se sont mobilisées, déterminées à éjecter Trump de la fonction publique’, s’est félicitée Mary Hayes, 56 ans, mère de trois enfants et originaire Leesburg, en Virginie.

Record de femmes au Congrès

Une autre conclusion très attendue concernait la présence des femmes au Congrès. Et là, il y a vraiment eu du neuf, indique Associated Press.

D’après le Center for American Women in Politics de l’université Rutgers, au moins 141 femmes (dont 105 démocrates et 36 républicaines) siègeront au 117e Congrès. Un record.

Si les femmes républicaines restent bien moins représentées que leurs homologues démocrates, leur nombre va tout de même plus que doubler au sein de la Chambre des représentants.

Le plafond de verre brisée par Harris

L’élection de Kamala Harris en tant que vice-présidente constitue également un fait notable de cette élection américaine. Elle est la première femme à être élue à ce poste.

En 2016, certains observateurs avaient estimé que Hilary Clinton avait perdu contre Trump en grande partie car elle était une femme. Seulement 41% des hommes l’avaient soutenue (contre 46% cette année pour Biden).

‘Il ne fait aucun doute qu’en 2016, il y a eu une campagne négative massive contre Hillary Clinton, et une partie de celle-ci était contre son sexe. Il y a eu tellement de choses sexistes qui lui ont été jetées à la figure et ce, pendant une longue période’, a rappelé Eleanor Smeal, présidente de la Feminist Majority Foundation.

Smeal s’est évidemment réjouie de l’élection de Kamala Harris.

‘C’est tout simplement spectaculaire que, non seulement des femmes se présentent à ces hautes fonctions, mais que, en plus, la première à l’emporter soit une femme noire asiatique. Comme elle l’a dit, elle sera peut-être la première, mais elle ne sera pas la dernière. […] Elle donne à toutes les femmes et petites filles l’espoir que, même dans un gouvernement dominé par les hommes, aucun niveau de pouvoir n’est inaccessible’, a-t-elle déclaré.

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