KBC craint que l’horeca et les magasins ne puissent bientôt plus payer leur crédit

À cause de la crise du coronavirus, la banque KBC estime à plus d’un milliard d’euros les pertes de crédits pour l’année 2020. L’une des principales institutions de crédit en Belgique craint qu’un nombre croissant de PME ne puissent pas rembourser leur prêt à temps. Le patron de la banque, Johan Thijs, veut donc améliorer le plan ‘bazooka’ de sauvetage des entreprises du ministre des Finances Alexander De Croo, déjà doté de 50 milliards d’euros.

Les modèles financiers classiques ne permettent pas de rendre compte de la situation macroéconomique totalement inhabituelle que nous vivons. Les mesures exceptionnelles du gouvernement ne rentrent généralement pas en ligne de compte. De ce fait, la banque KBC a dû faire des tests supplémentaires de résistance sur ses portefeuilles de prêts pour évaluer la probabilité de défaillance.

Les tests semblent montrer que les PME sont ‘en moyenne plus vulnérables’ que les grandes entreprises. Cela signifie qu’elles risquent plus de rembourser leur prêt en retard ou de ne pas pouvoir le faire du tout. Toutefois, tous les secteurs ne sont pas exposés aux risques de la même manière. Voici une liste des secteurs qui, selon les experts de KBC, sont plus susceptibles de rencontrer des problèmes de payement:

  • Les sociétés de distribution et les commerces au détail, y compris les vendeurs de voitures, les magasins de vêtements, d’électricité et de matériaux de construction.
  • Les hôtels, bars et restaurants.
  • La livraison et le transport.
  • Les loisirs et divertissements, comprenant les agences de voyage, les tours opérateurs, les organisateurs de concerts, les théâtres et les coiffeurs.
  • L’aviation.

Cependant, KBC peut se sentir un minimum sereine. Ces secteurs ne représentent que 5,2% des clients professionnels de la banque. Elle ne devrait donc pas faire face à une vague générale de problèmes de paiement.

Le vrai choc est à venir

L’impact financier du premier trimestre est encore limité pour KBC. La banque a toutefois connu une dépréciation de 43 millions d’euros. La raison: les risques élevés de défauts de paiements à cause de la crise. Cette dépréciation touche majoritairement le pôle belge du groupe (35 millions d’euros). 6 millions d’euros concernent des pertes de créances en République tchèque.

‘En raison de la pandémie de coronavirus, nous estimons les pertes de valeur pour l’année 2020 à 1,1 milliard d’euros en suivant notre scénario de base’, rapporte KBC. Un scénario optimiste évalue les pertes à 800 millions d’euros. Dans une optique plus pessimiste, elles s’élèveraient à 1,6 milliards d’euros. En réaction, l’action KBC a chuté de 7% à l’ouverture de la bourse ce matin.

Ces déclarations de KBC ne sont pas à prendre à la légère. Il s’agit d’un acteur majeur sur la marché belge du crédit avec une vision privilégiée de la situation financière des PME. Si même le scénario le plus optimiste prévoit des centaines de millions d’euros de pertes, c’est qu’une vague de défauts de paiement doit être attendue parmi les PME et les secteurs les plus vulnérables.

Ménages belges

En outre, certains experts prevoient que de plus en plus de ménages vont avoir des problèmes pour payer leur crédit à partir de l’automne. Le report de paiement convenu entre le gouvernement et le secteur bancaire ne résoudra pas les problèmes. Il ne va que les repousser.

Toutefois, KBC s’attend à ce que le gouvernement intervienne davantage si nécessaire et ne voit donc pas la nécessité pour l’instant de mettre à l’épreuve son portefeuille de prêts privés. Le rapport de KBC évoque ‘d’éventuelles mesures gouvernementales supplémentaires, en supposant que les gouvernements feront tout leur possible pour minimiser les effets négatifs, surtout pour les clients particuliers’.

Vers un plan ‘bazooka’ amélioré?

Ce jeudi, le patron de la banque, Johan Thijs, a plaidé pour un plan ‘bazooka’ de sauvetage des entreprises amélioré, indique l’agence Belga. Ce programme est déjà doté de 50 milliards d’euros. Mais Thijs voudrait que la garantie d’État soit désormais étendue dans certains cas à plus de 12 mois.

Il s’inquiète particulière du sort des hôtels, restaurants et cafés. ‘Ils auront probablement besoin de plus de temps. Nous parlons d’éventuellement 36 à 48 mois’, prévient-il.

‘Peut-être faudrait-il diviser le bazooka en deux parties: une pour le court terme et l’autre pour une durée plus longue’, indique-t-il. ‘La situation évolue. Nous nous attendions au départ à une crise avec un impact important mais une reprise rapide, ça ressemble de plus en plus à un impact important et une reprise lente.’

Johan Thijs, qui préside aussi la fédération Febelfin, a en outre évoqué la question avec l’Economic Risk Management Group (ERMG). Il souligne que des pays voisins avaient parfois prévu une durée plus longue pour leurs garanties.

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