Réponse en deux mots: oui et peut-être. Le plus grand laboratoire médical de Belgique propose aujourd’hui des tests d’immunité au coronavirus. Cependant, une grande incertitude plane encore sur leur remboursement: ‘Le gouvernement laisse les laboratoires dans l’inconnue’.
Comme le téléphone n’arrêtait pas de sonner, médecins et centres de soin demandant des tests d’immunité, le laboratoire médical Medina a donc décidé de répondre à ces demandes insistantes. Tant les citoyens que les membres des services d’urgence peuvent faire appel au laboratoire situé à Aalter pour passer un test qui détecte les anticorps contre le SARS-CoV-2. Pour les simples citoyens, le test doit cependant passer par l’intermédiaire d’un médecin généraliste.
Mais pour pouvoir en bénéficier, le médecin n’autorise généralement la réalisation d’un tel test que si vous remplissez certains critères: y a-t-il une forte suspicion de Covid-19? Avez-vous eu des symptômes? Son coût: entre 20 et 50 euros.
Test d’immunité, ça veut dire quoi?
Par souci de clarté, précisons qu’il s’agit là d’un test sérologique (c’est-à-dire par prélèvement sanguin) qui détecte la présence d’anticorps contre le virus du SRAS-CoV-2. Quiconque a été infecté par le virus produit, après un certain temps, des anticorps afin de le combattre.
Ceux-ci restent dans l’organisme pendant une certaine durée au cours de laquelle la production de ces anticorps est augmentée afin de neutraliser le virus s’il réapparaît. Durant cette période, on parle d’immunité.
Mais dans le cas du nouveau coronavirus, parler de ‘test d’immunité’ est quelque peu abusif, car on sait encore peu de choses concernant l’immunité face au Covid-19 (la maladie causée par le virus SARS-CoV-2). La science n’a pas encore pu établir avec certitude si et pendant combien de temps une personne qui produit des anticorps est immunisée. ‘Ceux qui produisent des anticorps sont probablement immunisés pendant un certain temps’ est la formulation qui se rapproche actuellement le plus de la réalité.
Le test sérologique permet également de confirmer ou infirmer si une personne a été infectée par le nouveau coronavirus dans le passé. De nombreux patients suspectés d’avoir été atteints par le Covid-19 n’ont simplement jamais été testés.
Et dans le secteur des soins de santé, ces tests sont un outil important pour déterminer si les membres du personnel sont ‘probablement immunisés’ ou non, et donc s’ils peuvent être affectés aux unités Covid-19.
Au niveau de la lutte nationale contre le virus enfin, les tests sérologiques sont essentiels pour cartographier la propagation réelle du virus.
Remboursement
Il s’agit donc d’une arme importante dans la lutte contre l’épidémie. On pourrait donc en conclure que le remboursement du ‘test d’immunité’ par les mutuelles n’est qu’une formalité? Et bien, pas du tout. Bien que l’administrateur général de l’Inami, Jo De Cock, ait confirmé début avril que les tests sérologiques seraient remboursés, ce n’est toujours pas le cas.
Et aujourd’hui, l’Institut national d’assurance maladie-invalidité, qui est notamment responsable en matière de remboursement des frais médicaux, adopte une position complètement différente: ‘Pour l’instant, aucun remboursement n’est prévu pour les tests sérologiques’, a fait savoir sa porte-parole, An-Sofie Soens. ‘La fiabilité de ces tests en matière de diagnostic ou en tant qu’outil épidémiologique n’est pas suffisamment claire.’
Selon An-Sofie Soens, il pourrait être possible à l’avenir de prévoir un remboursement des frais dans un groupe ciblé et au sein du personnel soignant. À cette fin, il faut d’abord que Sciensano établisse des lignes directrices claires en matière d’utilisation des tests. L’institution scientifique belge semble y travailler et une procédure devrait bientôt être diffusée.
Pour l’instant, la directive de l’Inami aux laboratoires de mettre la facturation des tests ‘en attente’.
Dans la pratique, cela n’est guère réalisable. Sur son site web, le laboratoire Medina indique que le médecin et le patient ‘doivent savoir que le test peut être entièrement à charge du patient’.
Au laboratoire lui-même, personne n’a souhaité en dire plus sur le sujet, mais une source bien informée au sein du secteur nous confirme que ‘le gouvernement rend les choses très difficiles pour les laboratoires en matière de remboursement’.
Cette source affirme également qu’il n’y a absolument aucune clarté quant au remboursement des tests d’immunité, mais aussi concernant les tests de dépistage classiques, dits PCR, qui permettent de déterminer si une personne est infectée à un instant T. ‘Le gouvernement laisse les laboratoires médicaux totalement dans l’inconnue’, dit-elle.